Après la forte hausse de juin 2019, où le tarif réglementé de l’électricité avait bondi de 5,9%, les Français auront-ils à subir une nouvelle entaille dans leur pouvoir d’achat ? C’est la menace qu’agitent en tout cas les fournisseurs d’énergie alternatifs.

La détermination du prix de l’électricité est un sujet politique sensible. Dans un climat encore marqué par les revendications des Gilets jaunes, les Français verraient d’un mauvais œil une hausse sensible de leur facture énergétique, qui représente déjà un coût de 960 euros par an en moyenne (1). Les concurrents d’EDF le savent bien et tentent de mettre la pression sur le gouvernement pour que celui-ci agisse en faveur d’une modération des tarifs.

Car ce jeudi, le Sénat doit adopter définitivement le projet de loi Energie Climat. Or, le texte comprend notamment un élément qui doit jouer, à terme, sur les prix de l’électricité : il prévoit de donner aux concurrents d’EDF (Eni, Total Direct Energie, Vattenfall, etc) un accès plus important au prix régulé de l'Arenh (Accès Régulé à l'Energie Nucléaire Historique). Pour faire simple, à l’heure actuelle, les fournisseurs alternatifs ont le droit d’acheter une partie de l’énergie nucléaire dont ils ont besoin à un tarif « préférentiel » (42 euros par mégawattheure), le reste de leurs achats se faisant au prix du marché. Le projet de loi Energie Climat prévoit que la production nucléaire pouvant être acquise au tarif de l’Arenh passe de 100 (environ ¼ de la production d’EDF) à 150 térawattheures. Ce qui permettrait selon les nouveaux acteurs de l’énergie de maintenir des tarifs raisonnables pour leurs clients.

Mais dans un entretien aux Echos, Naima Idir, présidente d’une association regroupant les principaux fournisseurs alternatifs, met en garde contre l’inaction du gouvernement. « Une hausse du plafond de l'Arenh permettrait de limiter la hausse des tarifs à 1%. Mais pour cela le gouvernement doit prendre un décret avant mi-novembre - date à laquelle les fournisseurs alternatifs doivent soumettre leurs demandes d'électricité nucléaire d'EDF au régulateur. Or, jusqu'ici les signaux que nous avons ne sont guère positifs ». En l’absence de décision de l’exécutif, elle évoque le « risque d'avoir une augmentation de près de 4% des tarifs d'électricité réglementés dès 2020 ». Or, les tarifs réglementés concernent les clients d'EDF mais aussi ceux des autres opérateurs, dont les grilles tarifaires sont généralement indexées sur le tarif réglémenté de l'électricité.

Le gouvernement se retrouve dans une position inconfortable, car il doit également composer avec le mécontentement d’EDF. Le fournisseur historique estime en effet que le prix de l’Arenh est trop faible et ne couvre pas ses coûts de production. Un passage de 42 à 45 euros du mégawattheure serait donc à l’étude. Mais toutes ces modifications doivent aussi être validées par la Commission européenne. Sans oublier que la hausse de l’Arenh aurait sans doute aussi une répercussion finale sur la facture des Français…

(1) Etude « Les dépenses des Français en électricité depuis 1960 », publiée par l'INSEE en avril 2019. En 2016, l’électricité dépense représente 2,3% de leur budget de consommation, soit 960 euros en moyenne par ménage et par an.