Les bailleurs sociaux sont en mesure de garder un rythme solide de construction les prochaines décennies, autour de 100.000 nouveaux logements annuels, a estimé mardi la Caisse des dépôts, principal organisme de financement du secteur, prévenant néanmoins que ces prévisions restent fragiles.

« Le secteur serait globalement en mesure d'assurer à long terme une stabilisation de la production et de la rénovation de logements sociaux », résume la Caisse, bras financier de l'Etat, dans une étude annuelle publiée à l'occasion du congrès du monde HLM.

La Caisse, qui prête aux bailleurs sociaux l'argent tiré des livrets A, se montre ainsi plus optimiste qu'un an plus tôt : à l'époque, elle avait mis en garde sur un « repli substantiel » de la construction « à moyen terme ». Ce pessimisme était surtout lié aux économies demandées par l'Etat aux bailleurs sociaux, via à la fois une réduction organisée des loyers et une hausse de leur taux de TVA. Or, depuis, le gouvernement a accepté de réduire la facture du monde HLM. « Ainsi, par rapport à l'année dernière, le secteur dispose globalement de davantage de visibilité pour investir », souligne la Caisse.

Elle met toutefois un autre facteur en avant pour justifier son regain d'optimisme : des taux d'intérêt qui s'annoncent à un bas niveau pour plus longtemps que prévu, vu que la Banque centrale Européenne (BCE), malgré des dissensions internes, ne donne guère de signe de vouloir durcir sa politique.

Des facteurs de fragilité

Dans ce contexte, la Caisse juge le monde HLM en mesure de respecter ses engagements avec le gouvernement à court terme - 110.000 nouveaux logements par an d'ici à 2022 - puis de maintenir un rythme solide par la suite, autour de 100.000 logements construits en moyenne chaque année d'ici à 2057.

Toutefois, « la prévision est très sensible aux hypothèses retenues », nuance la Caisse. « Si les loyers sociaux ne suivaient pas l'indice de référence (IRL) suite à des gels de loyers, si le taux d'impayés progressait ou si les prélèvements sur le secteur augmentaient, les bailleurs ne pourraient pas maintenir ce niveau d'investissements », précise-t-elle.