Les cours du pétrole ont flambé cette semaine après les attaques en Arabie saoudite. L'impact sur les prix à la pompe est-il inéluctable ? Pas si sûr...

C’est une sérieuse menace qui plane sur le portefeuille des automobilistes. La flambée - jusqu’à 20% des cours de l’or noir lundi dans le sillage des attaques subies par les infrastructures pétrolières en Arabie saoudite - va logiquement se répercuter sur les prix à la pompe. C’est l’avertissement lancé par le patron de l'Union française des industries pétrolières en début de semaine. Il juge comme inéluctable une hausse de 4 à 5 centimes par litre. « Le secteur des stations-service est très compétitif et très réactif. La remontée des cours aura un impact dans les tout prochains jours dans la très grande majorité d'entre elles », explique Francis Duseux. Résultat, le gazole, qui représente 80% des volumes de carburants vendus, retrouverait son prix de fin mai autour de 1,47 euro le litre.

Bruno Le Maire voit rouge

Un scénario qui fait bondir le ministre de l’Economie. Jeudi, à l’issue d’une rencontre avec les acteurs de la filière, Bruno Le Maire a été très clair : « Le cours du pétrole aujourd’hui est revenu à ce que nous connaissions pour les semaines dernières, 63 dollars le baril, il n’y a donc aucune raison qu’il y ait une augmentation des prix à la pompe et aucune raison qu’il y ait une augmentation des prix du fioul domestique. Nous vérifierons qu’effectivement il n’y ait pas de répercussion à la hausse qui serait injustifiée de la part des distributeurs ou des pétroliers ».

Pour parer aux inquiétudes des automobilistes, il a assuré que le gouvernement a « les moyens de faire face », notamment avec le chèque énergie et l’absence de hausse de la taxe carbone en 2020. En revanche, pas question de réactiver une taxe flottante, comme entre 2000 et 2002 pour réduire les prix à la pompe en cas de nouvelle flambée des cours. C’est l’option que suggère pourtant le patron de Total. Selon lui, ce n’est pas aux pétroliers de faire un effort. Sur Europe 1, il a rappelé que la marge nette de Total est d’un centime par litre. A ses yeux, c’est à l’Etat de jouer sur la fiscalité alors que les taxes représentent près de 60% du prix du litre de carburant.

Une baisse des taxes refusée

« On parle beaucoup de la TICPE flottante (taxe intérieure de consommation sur les produits énergétiques, anciennement taxe intérieure de consommation sur les produits pétroliers, dite TIPP). Je veux juste donner quelques chiffres : si on veut baisser le prix du carburant de trois centimes par litre, c’est-à-dire pas grand-chose, il faut dépenser un milliard d’euros. Avec un milliard d’euros, vous pouvez augmenter la prime à la conversion pour que les gens puissent s’acheter des véhicules électriques, construire des énergies renouvelables, financer la recherche sur le stockage des énergies renouvelables… Je pense que c’est de l’argent mieux employé », rétorque Bruno Le Maire.

Dans ce contexte, il semble improbable qu’il donne également satisfaction à la pétition lancée par l’UFC-Que Choisir. L’association de consommation demande au gouvernement de supprimer la TVA payée par les consommateurs sur la TIPP. D’après ses calculs, « ce sont 12 à 14 centimes par litre qui seraient ainsi économisés » en supprimant cette taxe sur les taxes.

Il faudra attendre la publication lundi du relevé officiel hebdomadaire des prix des carburants, réalisé chaque vendredi, pour savoir si oui ou non les prix ont flambé à la pompe cette semaine. De son côté, Intermarché dit réfléchir à vendre son carburant à prix coûtant le mois prochain.

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