Le cap des 10 000 euros du m2 a été franchi à Paris. Une illustration de plus de la difficulté d’acheter dans la capitale. Conséquence immédiate : les salaires des emprunteurs sont de plus en plus élevés…

« Entre 2012 et 2017, la hausse des prix à Paris était compensée par le niveau des taux. Mais ce n’est plus le cas depuis que les prix ont passé le seuil symbolique des 9 000 euros le m2 début 2018. A plus de 10 000 euros, on ne peut plus acheter que 20,5 m2 avec des taux moyens à 1,35% sur 20 ans, contre 24 m2 en 2016, avec des taux pourtant supérieurs de 1 point à 2,45% sur 20 ans », juge Sandrine Allonier, porte-parole de Vousfinancer, dans un communiqué diffusé ce jeudi suite à l’annonce du dépassement du cap des 10 000 euros du m2 en moyenne à Paris. Sur la base des compromis de vente, les Notaires de Paris estiment que les prix devraient même atteindre 10 280 euros du m2, en moyenne, d’ici la fin octobre.

6 000 euros par mois en moyenne en 2016

Ce courtier en crédits a réalisé quelques simulations. Ainsi, pour acheter un appartement de 50 m2 à Paris, en le finançant sans apport, avec un prêt sur 20 ans, « il faut gagner au minimum 7 300 euros par mois », pour espérer obtenir un prêt bancaire. Le même profil d’emprunteur pouvait se présenter avec un salaire légèrement supérieur à 6 000 euros en 2016…

Vousfinancer livre quelques données sur le profil moyen des emprunteurs parisiens via son réseau en 2019 : un prêt moyen de 295 000 euros, complété par 112 000 euros d’apport personnel, pour un crédit sur 22 ans et 8 mois, et 80 000 euros de revenus annuels pour le ménage (6 667 euros par mois). L’achat à Paris concerne une minorité de primo-accédants, ceux qui achètent pour la première fois : seuls 28% des dossiers selon Vousfinancer. Les primo-accédants parisiens ont en moyenne 33 ans, un apport de 80 000 euros, empruntent 258 000 euros sur 23 ans et 5 mois, en affichant des revenus de 51 000 euros par an (4 250 euros par mois).

« Seuls les CSP+ et les héritiers peuvent acheter dans la capitale »

Cafpi a aussi tenté de dresser le portrait-robot de l’emprunteur parisien : « Conséquence de l’envolée des prix sur Paris, seuls les CSP+ et les héritiers peuvent acheter dans la capitale, les employés ou cadres moyens travaillant sur Paris se voient obligés de migrer vers la petite et grande couronne francilienne », commente dans un communiqué Pierre-Henri Vevaud, directeur régional Grand Paris de Cafpi. L’enveloppe financière des emprunteurs (hors primo-accédants), dont 67% de cadres, grimpe en effet à 723 900 euros, en moyenne, en comptant l’apport personnel ! « Le marché immobilier parisien est unique en France », poursuit Pierre-Henri Vevaud, « malgré un prix moyen au m2 supérieur à 10 000 euros, la demande est toujours présente et les prix continuent d’augmenter, au détriment de nombreux profils qui se voient dans l’obligation de s’éloigner du centre de Paris pour rejoindre les couronnes franciliennes. »

En s’éloignant de Paris voire de sa première couronne, les enveloppes financières retombent assez nettement selon les statistiques du Crédit Agricole Ile-de-France : les clients de l’enseigne bancaire empruntent en moyenne 289 017 euros dans l’Essonne, ou 162 874 euros en Seine-et-Marne, contre 594 730 euros à Paris intra-muros. Le Crédit Agricole IDF relève toutefois un (très) grand écart entre les dossiers des primo-acccédants et les dossiers d’achat-revente : sur l’ensemble de la région parisienne, les néo-propriétaires signent un prêt immobilier moyen de 284 954 euros, contre 470 642 euros pour ceux qui revendent au passage leur logement actuel. Preuve, aussi, de l'extrême disparité des situations en région parisienne.