Après prise en compte des aides possibles (bourses, APL…), les étudiants ont en moyenne besoin de 840 euros supplémentaires par mois pour vivre. A défaut d’épargne ou de revenus suffisants, difficile de faire l’impasse sur le prêt étudiant pour continuer sa scolarité. Quelles démarches nécessite-t-il ? Quels taux appliquent les banques ? Le banquier peut-il contrôler l’utilisation du crédit ?

D’ici quelques semaines, les étudiants vont faire leur rentrée. Si les frais d’inscription à l’université restent à la portée de la plupart des étudiants - les droits s’élèvent cette année à 170 euros pour les inscriptions en licence –, les formations spécialisées ou encore l’accès aux établissements privés s’avèrent beaucoup plus onéreux, à l’image des écoles de commerce, qui sur toute la scolarité peuvent revenir à plus de 40 000 euros. Dans ces conditions et sans coup de pouce financier, il peut être difficile d’accéder au cursus de son choix. D’autant plus que ce n’est pas la seule source de dépense inhérente à la vie estudiantine.

Toutes charges confondues - logement, alimentation, équipement ou encore la contribution à la vie étudiante qui remplace depuis l’an passé les frais de sécurité sociale - et après déduction des aides reçues - bourses et aides au logement notamment -, le reste à charge pour les étudiants atteint en moyenne 838 euros par mois, d’après l’Union nationale des étudiants de France (UNEF). Une somme qui ne peut pas toujours être prise en charge par la famille. Selon le dernier baromètre de la Carac consacré à l’entraide familiale, les Français versent en moyenne à leurs enfants majeurs 184 euros mensuels (1). De même, les jobs étudiants ou saisonniers suffisent rarement à combler la différence. Ils rapportent en moyenne moins de 200 euros par mois, d'après l’Observatoire E.Leclerc des nouvelles consommations paru début juillet (2).

Résultat, nombreux sont les étudiants à pousser la porte de leur agence bancaire pour faire un crédit. D’après l’étude réalisée en septembre 2018 par la Carac, 4 jeunes sur 10 contractent un prêt étudiant de 10 000 euros en moyenne (3). Enjeu de fidélisation oblige, les banques accueillent en principe à bras ouverts cette clientèle. Peu rentables dans un premier temps, les étudiants d’aujourd’hui seront en effet ceux qui, demain, solliciteront un crédit immobilier ou placeront leur épargne.

Un crédit de trésorerie sans obligation de revenus

De fait, les établissements bancaires ne rechignent pas à octroyer des emprunts de plusieurs dizaines de milliers d’euros, à des conditions très favorables. En cette période durant laquelle les étudiant préparent leur rentrée, les enseignes se livrent même une concurrence féroce sur le prêt étudiant à coup d’offres promotionnelles.

Offres commerciales de prêt étudiant
Conditions de financementTaux d'appel (TAEG)Date limite de souscription
BNP ParibasJusqu'à 75 000 euros sur 12 ans0,99%26 octobre 2019
BredJusqu'à 35 000 euros sur 10 ans1%non précisée
Caisse d'EpargneJusqu'à 45 000 euros sur 10 ans0,90%31 octobre 2019
Crédit Mutuel Alliance FédéraleJusqu'à 80 000 euros sur 10 ans0,90%non précisée
La Banque PostaleJusqu'à 50 000 euros sur 10 ans0,90%non précisée
LCLJusqu'à 60 000 euros sur 10 ans0,80%non précisée
Société GénéraleJusqu'à 120 000 euros sur 10 ans0,89%31 octobre 2019
Données collectées le 13 août 2019. Offres soumises à condition.

Pour preuve, après un passage en revue des principaux établissements bancaires, les taux d’appel proposés varient de 0,80% à 1% de TAEG fixe, hors assurances facultatives. Ces faibles taux d’intérêt vont le plus souvent de pair avec la gratuité des frais de dossier. Les conditions d’endettement apparaissent donc réellement attractives compte tenu du profil des emprunteurs… Ces derniers ne disposant généralement pas de revenus réguliers.

Toutefois, les banques se protègent du risque de non-remboursement en demandant une caution parentale. C’est-à-dire que les parents s’engagent à rembourser à la place de leur enfant si celui-ci ne parvient pas à faire face aux échéances. En théorie, le rôle du garant peut aussi être assumé par un autre proche (frère, sœur, oncle et tante...) si la banque l'accepte.

De plus, les taux proposés à la clientèle estudiantine paraissent aussi très favorables au regard de la nature de cet emprunt. Le prêt étudiant est en effet un crédit non affecté, qui ne nécessite donc pas de justifier l’usage des fonds. Le jeune peut se servir de cet argent comme bon lui semble : payer son inscription à l’université, acheter une voiture, un ordinateur ou encore financer la location d’un logement. D’accoutumée, les banques réservent leurs meilleures offres plutôt aux emprunteurs prouvant que le prêt servira à un projet précis et défini, comme l’achat d’un véhicule ou la réalisation de travaux.

Les conditions d’éligibilité des prêts étudiants

Pour obtenir un prêt étudiant, le jeune adulte doit tout de même remplir quelques conditions. En toute logique, il doit avoir le statut d’étudiant ! C'est-à-dire être inscrit dans un établissement d’enseignement supérieur, quel qu’il soit : grandes écoles, BTS, IUT, universités. D'ailleurs les banques demanderont à l'étudiant des pièces attestant de son inscription : photocopie de la carte d’étudiant ou certificat de scolarité.

Autre contrainte, le candidat à l’emprunt doit être majeur. Néanmoins, certaines banques, comme le Crédit Agricole, étendent l’accessibilité aux mineurs âgés d’au moins 16 ans. De plus, bien qu’il n’y ait pas d’âge pour débuter ou reprendre des études, les établissements de crédit réservent généralement le prêt étudiant aux moins de 30 ans. En principe, passés 27 ou 28 ans, il devient même rare de se voir proposer ce type de financement

Si les banques aiment les étudiants, elles peuvent toutefois se montrer regardantes sur le choix du cursus et de l’établissement. Certaines cantonnent ainsi les financements aux élèves inscrits dans des structures reconnues par l’Education nationale. De même, les étudiants de grandes écoles ou de filiales sélectives bénéficient souvent de conditions d’emprunt plus avantageuses. Afin d’attirer à elles les profils souhaités, les banques peuvent également nouer des partenariats avec certains établissements, comme des écoles de commerce ou d’ingénieur. Ne soyez donc pas surpris si votre banquier vous questionne sur votre formation et vos motivations !

Si ce n'est pas une condition à part entière, la banque peut également inciter l'étudiant à ouvrir un compte bancaire en complément de son prêt. Dans ce cas, il faut aussi tenir compte des éventuels frais bancaires associés. Mais les concernant également, les banques se montrent généreuses envers cette jeune clientèle, allant parfois jusqu’à les dispenser de cotisations de carte bancaire et de frais de tenue de compte.

L’obtention d’un prêt étudiant n’est pas assurée

Même si l’étudiant remplit toutes ces conditions, il peut tout à fait voir sa demande de financement rejetée. Il n'existe pas, en effet, de « droit au prêt » comme il existe un droit au compte. Le refus de la banque peut résulter d’une relation commerciale compliquée avec ses parents, si ces derniers sont clients de l’établissement (incidents de paiement, découvert fréquent et autres difficultés de trésorerie). Dans ce cas, l’étudiant aura tout intérêt à s’adresser à une enseigne concurrente.

La garantie de l’Etat pour les dossiers moins faciles

Les étudiants, âgés de moins de 28 ans, ne bénéficiant pas d’une caution solide ou s’étant déjà vu refuser un financement, peuvent se tourner vers le prêt étudiant garanti par l’Etat (anciennement Oseo). Sa particularité : en cas de défaut, c’est Bpifrance, la banque publique d’investissement, qui prend en charge les échéances restantes à hauteur de 70%.

Petit bémol, alors que dans le cadre d’un prêt étudiant non aidé, le montant emprunté peut atteindre plusieurs dizaines de milliers d’euros, le prêt étudiant garanti par l’Etat est plafonné à 15 000 euros. Autre spécificité, toutes les banques ne sont pas habilitées à le proposer. Pour y prétendre, les jeunes peuvent s’adresser à la Société Générale, au CIC, au Crédit Mutuel et aux réseaux Caisse d’Epargne, Banque Populaire et Crédit Mutuel. Ces établissements n’ont, comme dans le cas d’un prêt étudiant non garanti, aucune obligation d’accepter la demande de financement.

Pour 2019, il est malheureusement trop tard pour obtenir un prêt garanti par l’Etat. « L'enveloppe concernant ce dispositif a été intégralement consommée. Les éventuelles nouvelles dotations devraient permettre la reprise du dispositif courant 2020 », rapporte Bpifrance.

La possibilité de différer le remboursement

La durée de remboursement du prêt étudiant varie selon les banques et la situation financière des étudiants et de leur famille. Dans les faits, les banques permettent le plus souvent d’échelonner les échéances sur 1 à 10 ans… Certaines banques acceptent d’aller au-delà, à l’image de BNP Paribas qui propose d’amortir le crédit sur 12 ans. Dans le cadre d’un prêt étudiant garanti par l’Etat, la durée de remboursement ne peut être inférieure à 2 ans.

Pour rassurer les jeunes et leurs parents, les banques mettent volontiers en avant le différé de remboursement. Il est censé permettre à l’étudiant de commencer à rembourser son prêt après avoir terminé ses études (et décroché un premier emploi). En pratique, deux solutions sont possibles. Le différé total, premièrement, consiste à reporter l’intégralité des échéances. Le différé partiel permet, lui, de ne rembourser au début que les intérêts du crédit, le capital restant à la charge de l’emprunteur une fois son diplôme obtenu. Le différé total parait séduisant. Toutefois, si possible, il vaut mieux opter pour le différé partiel des échéances, moins coûteux en intérêts.

Le déblocage progressif des fonds est la seconde option souvent proposée par les banques. Il permet de virer périodiquement une partie des fonds empruntés sur le compte du jeune. Objectif : faciliter la gestion de son budget et agir comme un garde-fou. Côté frais, le décaissement fractionné du prêt peut être payant, sans toutefois représenter un surcoût prohibitif. A titre d’exemple, la Société Générale le facture 16 euros au 1er août 2019.

En résumé,

  • Le prêt étudiant se destine, sauf exceptions, aux jeunes majeurs âgés de 18 à 28 ans.
  • Il permet d’emprunter plusieurs milliers d’euros sans en justifier l’utilisation.
  • Le remboursement peut s’échelonner sur plusieurs années et être décalé dans le temps.
  • Les offres commerciales diffèrent selon les banques, il est donc important de les mettre en concurrence.
  • Les banques imposent souvent aux parents de se porter caution. A défaut, l’étudiant peut solliciter la garantie de l’Etat.
  • Mais, pour 2019, il n’est plus possible de faire jouer le dispositif de garantie des prêts étudiants. Il devrait reprendre courant 2020, souligne Bpifrance.

(1) Baromètre de la Carac, argent et entraide familiale. Etude réalisée en ligne par Opinionway, du 28 février au 12 mars 2019, auprès de 1 000 Français âgés de 18 à 75 ans ayant au moins un enfant, frère, sœur, parent ou grand-parent au sein de leur cercle familial actuel. (2) Etude réalisée par Ipsos pour l’Observatoire E.Leclerc des Nouvelles Consommations sur un échantillon de 1 001 étudiants en études supérieures, âgés de 18 à 28 ans, interrogés du 1er mai au 9 mai 2019 en ligne selon la méthode des quotas. (3) Baromètre Carac réalisé par Opinionway sur les jeunes Français et l’argent, septembre 2018. Etude menée entre le 6 et le 23 avril 2018, auprès de 1 000 personnes entre 15 et 24 ans.