Les habitants en milieu rural sont 40% plus nombreux à trouver l'impôt sur le revenu injuste que ceux des grandes agglomérations, selon une étude que vient de publier l'OFCE. Dans ce contexte, il n'est pas étonnant que le mouvement des Gilets jaunes y ait rencontré un tel écho.

Le consentement à l’impôt est loin d’être homogène en France. C’est la principale conclusion à laquelle arrive une étude sur le ras-le-bol fiscal publiée par l'Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE). Repérée par Les Echos, cette enquête menée par Alexis Spire, auprès d'un échantillon représentatif de 2.900 personnes, constate que plus on habite loin d’une grande ville, plus le sentiment d’injustice fiscale progresse.

Pour preuve, ceux qui résident dans des communes de 2 000 à 20 000 habitants sont 35% plus nombreux à trouver l'impôt sur le revenu injuste que ceux des agglomérations de 200.000 à 1,9 million d'habitants. En zone rurale, la proportion grimpe même à 40%. « Résider en zone rurale ou dans les petites villes peut nourrir la conviction d'être prélevé comme les autres, sans pour autant jouir des mêmes investissements publics », selon l’auteur de Résistances à l’impôt, attachement à l’Etat.

Le sentiment d'injustice diminue avec l'âge

Fort de ces résultats, le chercheur au CNRS ne se disait pas surpris, dans un entretien accordé au Monde, que le mouvement des Gilets jaunes « ait pris dans les zones rurales ou les villes moyennes ». « Ce sont ces territoires qui ont pâti du recul et de la dégradation des services publics depuis plus de dix ans. Ils ont vu partir les tribunaux, fermer les hôpitaux et disparaître les trésoreries. La contrepartie de l’impôt n’est plus tangible. Ils ont l’impression d’être prélevés pour entretenir le train de vie somptuaire des élites politiques », estimait-il.

Mais les enseignements de son enquête ne s’arrêtent pas là. Il existe aussi un vrai clivage en fonction du niveau d’études : « les diplômés du supérieur se démarquent par leur adhésion à l'ensemble des prélèvements (excepté l'ISF) par rapport aux moins diplômés qu'eux ». Selon Alexis Spire, l'impôt est davantage accepté lorsqu'il est compris. Une analyse qui expliquerait également pourquoi le sentiment d'injustice fiscale diminue avec l'âge. Si près d’un tiers des jeunes individus âgés de 18 à 29 ans trouvent l'impôt sur le revenu injuste, les plus de 60 ans sont seulement 16% de cet avis.