En Allemagne, où la pratique était déjà connue, et désormais en Suisse, les banques répercutent sur leurs clients les taux d’intérêt négatifs que leur appliquent les banques centrales.

Allez-vous bientôt payer pour épargner sans risque ? En France, ce n’est pas encore d’actualité assurent les banquiers. En revanche, ce cap a été franchi en Allemagne. D’après une récente étude du comparateur de placements Biallo pour le quotidien allemand Süddeutsche Zeitung, une centaine de banques et caisses d’épargne – sur les 160 établissements ayant répondu au sondage – avouent appliquer un taux d’intérêt négatif à leur clientèle aisée et aux grandes entreprises. Le plus souvent, cette sanction concerne les dépôts dépassant 100 000 euros et atteint -0,40%, soit le taux retenu par la Banque centrale européenne (BCE) sur les excédents que lui confient les établissements bancaires.

La pratique n’est pas nouvelle outre-Rhin. En 2016, suite à la montée en puissance du « quantitative easing » de la BCE – ce rachat massif d’actifs couplé à des taux directeurs au plus bas avait fait chuter les taux d’intérêt en Europe – la Raiffeisenbank Gmund, une petite banque bavaroise avait déjà fait tomber ce tabou.

Après s'être propagés en Allemagne, les taux négatifs ont fait leur entrée en Suisse. Selon le Financial Times, cité par Les Echos, UBS s’apprête à sanctionner ses riches clients suisses qui laisseraient un peu trop d’argent dormir sur leurs comptes. « A la suite de mouvements similaires de la part d'autres banques en Suisse [Julius Baer, Pictet et vraisemblablement bientôt Crédit Suisse, ndlr], nous confirmons que nous avons décidé d'ajuster les tarifs sur les dépôts en francs suisses détenus en Suisse », confirme UBS.

Là encore, cette décision fait suite aux décisions de politique monétaire prises par la banque centrale. En effet, pour inciter les établissements bancaires à injecter de l’argent dans l’économie, la Banque nationale suisse applique un taux de -0,75% sur les avoirs à vue détenus par les banques commerciales. Une sanction que va donc répercuter UBS sur sa propre clientèle, précisément sur les dépôts de plus de 2 millions de francs suisses (1,84 million d’euros au 5 août).