L'Insee va publier mardi sa première estimation de la croissance française au deuxième trimestre, attendue à un niveau relativement faible malgré une hausse de la consommation, dans un contexte de ralentissement de l'activité au sein de la zone euro.

Dans sa dernière note de conjoncture publiée le 20 juin, l'institut de statistiques a dit parier sur une hausse du produit intérieur brut (PIB) de 0,3% entre avril et juin, soit un niveau stable par rapport aux deux trimestres précédents. Cette hypothèse est légèrement plus optimiste que celle de la Banque de France, qui a abaissé début juillet sa prévision à 0,2% contre 0,3% précédemment, en raison notamment de perspectives décevantes pour la production industrielle française.

Quel que soit le chiffre final, « on devrait rester sur un rythme peu élevé », prévient Emmanuel Jessua, directeur des études de l'institut Rexecode. « La dynamique intrinsèque de l'économie française demeure faible », car « marquée par de faibles gains de productivité », insiste-t-il. Selon les derniers indicateurs publiés par l'Insee, l'économie hexagonale devrait pourtant bénéficier au cours du deuxième trimestre d'une hausse de la consommation, dopée par les baisses d'impôts et les dépenses nouvelles décidées sous la pression des « gilets jaunes ».

Un pouvoir d'achat en hausse

« Il y a un surcroît de revenus liés aux mesures votées en décembre. Cela va finir par produire ses effets », souligne Emmanuel Jessua, qui rappelle que le pouvoir d'achat devrait augmenter de plus de 2% cette année, soit sa plus forte croissance depuis 2007. L'investissement des entreprises, de son côté, devrait rester dynamique (+0,8%), porté par le secteur des services. Les exportations devraient en revanche se replier (-0,7%): le commerce extérieur pèserait ainsi négativement sur la croissance hexagonale à hauteur de 0,1 point, selon l'Insee.

« Le contexte global », marqué par les tensions commerciales avec les États-Unis et par un net ralentissement de la croissance dans la zone euro, « n'est pas porteur », souligne Emmanuel Jessua. « Cela pèse forcément sur le climat conjoncturel français », ajoute-t-il. Sur l'ensemble de 2019, l'Insee prévoit une croissance de 1,3%, légèrement supérieure à la moyenne de la zone euro (1,2%). Ce chiffre est conforme à la prévision du FMI et de la Banque de France, mais plus faible que l'objectif du gouvernement, qui parie sur 1,4%.