Un nombre croissant de banques allemandes ponctionnent les dépôts de leurs clients, répercutant la politique monétaire jugée pénalisante de la Banque centrale européenne (BCE), indique lundi un quotidien allemand qui se base sur une étude.

Plus d'une centaine de banques et caisses d'épargne allemandes ont déclaré avoir répercuté les taux d'intérêt négatifs de la BCE sur les comptes à vue détenus par une partie de leurs clients, parmi 160 réponses obtenues lors d'une enquête réalisée par le comparateur en ligne Biallo pour le quotidien Süddeutsche Zeitung.

Les entreprises et les clients fortunés pénalisés

Dès 2016, une petite banque coopérative bavaroise, la Raiffeisen Gmund, avait annoncé l'instauration de taux d'intérêt négatifs sur les dépôts de ses plus riches clients privés, faisant tomber un tabou dans le paysage bancaire allemand.

Cette pratique a fait depuis des émules : la quasi-totalité des établissement sondés par Biallo appliquent ce type de pénalité à leur clientèle d'entreprises et une trentaine d'instituts l'étendent à leurs clients privés fortunés, dont les dépôts atteignent au moins 100.000 euros. Dans deux tiers des cas, le taux appliqué représente -0,40%, soit le même que celui frappant actuellement les encaisses excédentaires des banques déposées au guichet de la BCE.

Plusieurs banques ont également annoncé qu'elles introduiraient des taux d'intérêt négatifs si la Banque centrale baissait encore son taux de dépôt, passé sous 0% depuis mars 2016. Or, face à une conjoncture assombrie et des niveaux encore insuffisants d'inflation, la BCE a signalé jeudi dernier qu'elle envisageait d'abaisser son taux sur les dépôts.

Frais bancaires en hausse

Une telle action devrait inciter les banques à davantage réorienter leurs liquidités dans l'économie, sous forme de prêts aux ménages et aux entreprises. Des observateurs s'attendent désormais à ce que la BCE abaisse son taux de 20 points de base pour le porter à -0,60% d'ici la fin de l'année.

D'ores et déjà, un cinquième des institutions de l'échantillon ont affirmé avoir relevé leurs frais bancaires - frais de tenue de compte et facturation de différents services - au cours du premier semestre de 2019, ajoute la Süddeutsche Zeitung.