Depuis 2013, le nombre d’affaires de fraude fiscale, de blanchiment et de corruption a bondi de 20% en France, pour atteindre plus de 400 000 en 2018. Débordée, la police judiciaire tente de réagir avec la création d’une sous-direction dédiée.

« Entre 2013 et 2018, la criminalité financière a augmenté de 20% (…) » : c’est Thomas de Ricolfis, nouveau patron de la lutte contre la criminalité financière, qui l’affirme dans une interview au Parisien. En 2018, on a ainsi atteint le chiffre de 409 000 nouvelles affaires, un volume record pour cette « criminalité en col blanc » faite de fraude fiscale, de blanchiment et de corruption.

Toutefois, ce n’est pas seulement ce type de criminalité qui a explosé, c'est aussi la volonté des pouvoirs publics de la combattre. 2013, en effet, c’est l’année de « l’affaire Cahuzac », du nom du ministre du Budget de l’époque, condamné depuis pour fraude fiscale. « Dès lors, l'arsenal répressif se renforce », rappelle Thomas de Ricolfis. « Cela a formé un cercle vertueux mais aussi une inflation d'affaires. » Et avec elle, un allongement des délais de traitement, pouvant laisser l’impression d’une forme d’impunité.

Pour accélérer les enquêtes, la police judiciaire inaugure une nouvelle sous-direction consacrée exclusivement à la lutte contre cette criminalité financière. Basée à Nanterre, la SLDCF regroupe plusieurs offices qui travaillaient jusqu’ici de manière séparée. Elle va également recruter pour atteindre à terme 260 personnes, chargées tout particulièrement de la lutte contre la fraude fiscale complexe, qui utilise les paradis fiscaux. Le ministre de l’Economie n’est pas en reste. Bercy inaugure de son côté une nouvelle « police fiscale » composée de douaniers et d’agents du fisc.