Pour la première fois de son histoire, le rendement de l’OAT à 10 ans est inférieur à 0%. Autrement dit, la France s’endette à taux négatif. Une baisse qui risque d’avoir des répercussions sur vos propres finances.

Suite au discours de Mario Draghi prononcé mardi 18 juin, dans lequel le président de la Banque centrale européenne dit être prêt à tout pour soutenir l'économie, le taux auquel la France s’endette, l’OAT à 10 ans, est passé en territoire négatif pour la première fois de son histoire. Schématiquement, cela signifie que les investisseurs paient désormais l’Etat français pour acquérir ses obligations.

Emprunter à moins de 1%, la nouvelle norme ?

Du côté des particuliers souhaitant contracter un emprunt, l’équation pourrait être tout aussi bénéfique, comme le souligne Meilleurtaux. « L'Obligation Assimilable du Trésor (OAT) 10 ans est la référence pour les taux des crédits immobiliers aux particuliers. Par conséquent, dans ce contexte, les taux des particuliers pourraient à nouveau baisser et les financements qui passeraient sous la barre des 1% seraient à même de devenir la norme », explique ainsi le courtier immobilier.

En effet, le rendement négatif de la dette souveraine va inciter les banques à se détourner de ce support d’investissement pour allouer leurs deniers à d’autres produits et notamment à prêter aux particuliers. Explications de Jérôme Robin, directeur général du courtier Vousfinancer : « le crédit immobilier est plus que jamais stratégique pour les banques, car c’est un moyen rentable et peu risqué de placer leurs liquidités, d’autant qu’aujourd’hui elles n’ont que très peu d’autres alternatives ».

Si Jérôme Robin refuse toutefois de se prononcer sur une baisse éventuelle des taux immobiliers, d’autres courtiers chiffrent déjà le repli potentiel à plusieurs points de base. « Nous pourrions même voir le record du mois de juin à 0,95% sur 20 ans être à nouveau battu dès le mois de juillet. Déjà sur certains très bons dossiers, nous arrivons à négocier jusqu’à 0,70% sur 20 ans dès ce mois de juin », réagit Philippe Taboret, directeur général adjoint de Cafpi.

Soulignons néanmoins que la corrélation entre l’OAT et les taux immobiliers, régulièrement mise en avant par les courtiers, ne fait pas totalement consensus. D’autres variables influencent le marché, comme le volume des dépôts, la concurrence entre les banques ou encore le contexte plus général de taux.

Lire aussi : Comment les banques fixent-elles les taux des crédits immobiliers ?

Une mauvaise nouvelle pour les épargnants

En revanche, une dette souveraine française à taux négatif n’augure rien de bon pour les épargnants. « Cet environnement a un impact notamment sur les produits de taux (livrets bancaires et fonds en euros) auxquels ils sont très attachés pour des raisons d'aversion au risque », explique dans Les Echos Philippe Crevel, le directeur du Cercle de l'épargne.

Déjà mise à mal par plusieurs années de politique monétaire accommodante, la rémunération des fonds euros investis principalement en obligations d’entreprises et d’Etats pourrait à nouveau décliner. Pour rappel, le rendement annuel moyen de ces supports incontournables de l'assurance vie a déjà été plus que divisé par deux en 10 ans, passant de 3,90% en 2008 à 1,80% en 2018. Toutefois, que les détenteurs d’un vieux contrat se rassurent, leur argent étant investi sur des actifs déjà émis, ils sont dans l’immédiat protégés contre les conséquences du récent repli de l’OAT.

Pour les livrets d’épargne, là encore, l’effet devrait être limité. Car, leur rémunération flirte malheureusement déjà avec les 0%. En moyenne, celle-ci atteint 0,25% hors promotion, d’après les dernières statistiques de la Banque de France.

Voir aussi le comparatif des promos sur les livrets d'épargne