La concurrence entre les banques et le contexte économique continuent à faire le bonheur des emprunteurs (et des courtiers immobiliers). En juin, les prêts sur 25 ans et les financements accordés aux meilleurs profils vont bénéficier des décotes les plus importantes.

« En mai, fais ce qu’il te plaît ! ». A en croire les courtiers immobiliers, les banquiers ont allégrement appliqué ce dicton le mois dernier. Et, ils devraient en faire autant en juin ! En effet, d’après les nouveaux barèmes qui leur ont été transmis ces derniers jours, les baisses de taux d’intérêt sont à nouveau au rendez-vous. De quoi augurer une fin de semestre euphorique pour les emprunteurs.

Dans le détail, par rapport à mai, les taux moyens calculés par Meilleurtaux sont en repli de 0,01 à 0,05 point selon la durée du crédit, à 1,26% sur 15 ans, 1,47% sur 20 ans et 1,65% sur 25 ans. Du côté d’Empruntis, les baisses sont encore plus prononcées, avec des replis de 0,10 à 0,15 point. De quoi abaisser les taux moyens du courtier à 1,35% sur 20 ans notamment. Mais avec de telles conditions, la file d’attente s’allonge. Chez certains courtiers, « comptez jusqu’à 1 mois pour une étude de dossier », explique Empruntis.

Des décotes plus élevées pour les meilleurs emprunteurs

Chez Vousfinancer, le constat dressé est le même : les barèmes sont globalement plus attractifs en juin qu’ils ne l’étaient en mai. Toutefois, selon cet intermédiaire, les décotes sont davantage concentrées sur les profils particulièrement prisés des établissements bancaires. Ainsi, « certaines baisses sont désormais ciblées sur certaines durées (20 et 25 ans), certaines professions (professions libérales et fonctionnaires), certaines classes d’âge (moins de 30 ans par exemple) ou en fonction de l’apport », détaille ce courtier.

De quoi creuser l’écart entre les meilleurs profils et les emprunteurs avec un dossier plus fragile. Illustration avec le relevé de Vousfinancer. Le taux le plus bas négocié sur 15 ans atteint 0,60%. C’est deux fois moins que la moyenne constatée sur cette durée pour juin (1,25%).

Les taux moyens début juin, selon les principaux courtiers

  • Meilleurtaux - 15 ans : 1,26% ; 20 ans : 1,47% ; 25 ans : 1,65%.
  • Emprunt Direct - 15 ans : 1,25% ; 20 ans : 1,45% ; 25 ans : 1,65%.
  • Vousfinancer - 15 ans : 1,25% ; 20 ans : 1,45% ; 25 ans : 1,65%.
  • Empruntis - 15 ans : 1,15% ; 20 ans : 1,35% ; 25 ans : 1,55%.

Consulter aussi notre baromètre mensuel des taux immobiliers

Emprunter sur 25 ans, le choix de la raison ?

En outre, les courtiers notent, d’un commun accord, des baisses prononcées sur les durées d’emprunt longues. Une tendance qui se confirme mois après mois. Ainsi, selon Meilleurtaux, le taux d’emprunt moyen sur 25 ans a chuté de 0,10 point depuis avril. D'après Empruntis, il s'est même replié de 0,15 point, à 1,55%, en seulement un mois.

Pour Philippe Taboret, porte-parole de Cafpi, cela permet aux ménages aux revenus plus faibles d’accéder au crédit immobilier. « Les taux les plus bas et les plus hauts négociés par Cafpi sur 25 ans tendent à se rapprocher preuve d’une réelle volonté des banques d’attirer une clientèle moins aisée, qui pourra emprunter grâce à des durées plus longues », analyse le courtier immobilier.

Par ailleurs, dans le contexte actuel, emprunter sur 25 ans n’est pas uniquement un choix par défaut, souligne de son côté Meilleurtaux. « Aujourd’hui plus de 40% des emprunteurs optent pour un emprunt sur une durée de 25 ans et pas seulement parce qu’ils y sont contraints, aussi et presque surtout parce qu’avec le faible coût de l’argent, emprunter sur 25 ans leur permet de baisser la mensualité du crédit », détaille Maël Bernier, directrice de la communication du courtier.

Un apport plus faible pour les primo-accédants

Au-delà de l’arbitrage à faire entre un crédit sur 20 ou 25 ans, la faiblesse des taux amène également l'emprunteur à se questionner sur l’intérêt de débloquer ou non son épargne. Selon les données de Vousfinancer, les primo-accédants ont tranché en faveur de la seconde option. En 2019, ils empruntent en moyenne 167 000 euros, soit 18% de plus par rapport à 2016, pour un apport en repli de 2% à 25 000 euros.

Un choix facilité par le fait que, comme nous l’expliquaient récemment plusieurs courtiers immobiliers, les banques ne conditionnent plus l'octroie des meilleurs taux aux apports les plus conséquents. Elles privilégient certes les emprunteurs ayant de l’épargne mais sans nécessairement leur demander de l’injecter dans le montage financier. « Bien évidemment si cela est indispensable à la réalisation de son projet, l’emprunteur devra puiser dans son épargne afin d’apporter à la banque la somme nécessaire à l’acceptation de son projet immobilier », nuance toutefois le courtier ICC France.