Le groupe d'assurance Covéa a engagé une procédure judiciaire contre la banque Crédit Suisse, qu'il avait mandatée dans le cadre de son projet avorté de rachat du réassureur Scor, a indiqué lundi le groupe suisse à l'AFP.

« Une plainte a été déposée par Covéa contre Crédit Suisse auprès du tribunal de commerce de Paris », a fait savoir à l'AFP le groupe helvétique, confirmant une information précédemment relayée par Le Monde.

Cette plainte vise « la production de documents par Crédit Suisse comme exigé par un tribunal anglais », a précisé le groupe, qui déclare « contester vigoureusement » les accusations de manquements aux obligations légales et de loyauté formulées par Covéa. Contacté par l'AFP, le groupe Covéa n'a pour sa part souhaité faire aucun commentaire concernant cette affaire.

Guerre entre Covéa et Scor

À l'origine de cette procédure, la guerre qui oppose depuis plusieurs mois déjà Covéa, poids lourd de l'assurance de biens en France avec ses marques Maaf, MMA et GMF, et le réassureur français Scor, numéro quatre mondial du secteur.

Covéa, premier actionnaire de Scor avec plus de 8% du capital, a transmis à l'été 2018 une offre de rachat à la direction du réassureur en vue de former un géant mondial du secteur. Pour mener à bien cette opération, Covéa s'était attaché les services des banques Barclays, Rothschild et Crédit Suisse. L'offre de rachat a toutefois été sèchement refusée par Scor, qui a décidé quelques mois plus tard de porter l'affaire devant la justice en poursuivant pénalement Covéa et son patron Thierry Derez, qui siégeait jusqu'à la fin 2018 au conseil d'administration de Scor.

Scor a notamment obtenu fin 2018 auprès d'un tribunal britannique que Crédit Suisse lui fournisse divers documents et échanges internes liés à la proposition de rachat de Covéa.

Sur la base - entre autres - de ces documents, le réassureur a engagé des poursuites contre Thierry Derez « pour abus de confiance » et contre Covéa « pour recel d'abus de confiance ». Scor poursuit aussi Thierry Derez « pour violation grave de ses obligations légales et fiduciaires en tant qu'administrateur » de Scor et pour violation « du secret des affaires de Scor ». De son côté Covéa a engagé en février une procédure judiciaire contre Scor pour « diffamation », selon une source proche du dossier.