L'Autorité de contrôle prudentiel et de résolution (ACPR), gendarme français de la finance, a appelé mardi les établissements français à « une mobilisation sans faille » dans la lutte contre le blanchiment et le financement du terrorisme, où des « carences significatives » ont été détectées.

« Il nous faut rester totalement mobilisés », a déclaré mardi lors d'une conférence de presse François Villeroy de Galhau, gouverneur de la Banque de France et président de l'ACPR, qualifiant le blanchiment et le financement du terrorisme de « risque mortel ».

Carences significatives détectées

« Les 23 missions de contrôle conduites l'an dernier par l'ACPR ont révélé des carences significatives dans la mise en œuvre par les organismes assujettis de leurs obligations de lutte contre le blanchiment-financement du terrorisme et de gel des avoirs », a notamment fait remarquer François Villeroy de Galhau.

Sur dix sanctions prononcées l'an passé par l'ACPR, neuf ont été relatives à des manquements dans le secteur de la lutte contre le blanchiment et le terrorisme. Et l'une d'entre elles s'est traduite par une amende culminant à 50 millions d'euros dans une affaire de gel des avoirs.

Parmi les neuf sanctions, il a par exemple été reproché à un établissement de n'avoir « pas suffisamment pris en compte, dans son dispositif, le risque de micro-financement du terrorisme pouvant résulter dans certains cas de l'octroi de prêts à la consommation suivis de retraits d'espèces pour des montants significatifs ou inhabituels », a détaillé durant la conférence de presse Rémi Bouchez, le président de la commission des sanctions. « Les menaces en matière de financement du terrorisme évoluent et il est important que les organismes financiers soient vigilants afin d'y adapter sans retard leurs outils de détection », a-t-il ajouté.

« Pour l'instant, ce n'est pas un phénomène qui se développe, mais on est sûr que si on essaie de financer le terrorisme, ce sera par le microfinancement », a renchéri Édouard Fernandez-Bollo, le secrétaire général de l'ACPR. De façon plus générale, le secteur bancaire européen se retrouve depuis plusieurs mois sous le feu des projecteurs après la découverte de plusieurs affaires de blanchiment et de manquements supposés dans la lutte contre la circulation de l'argent sale.

La plus grande banque danoise Danske Bank est notamment au cœur d'une vaste enquête qui lui vaut d'être dans le viseur de la justice de plusieurs pays. Des investigations sur des soupçons de blanchiment d'argent visent également la banque suédoise Swedbank.