Sur la base d'une étude de la Commission européenne, plusieurs députés proposent de taxer le kérosène. Les hausses de prix pourraient flirter avec les 10%. Le gouvernement plaide pour une fiscalité au niveau européen.

Prendre l’avion risque prochainement de vous coûter plus cher. Les idées fusent pour faire participer le secteur aérien, d’une façon ou d’une autre, à la lutte contre le réchauffement climatique. Le mouvement des Gilets jaunes a remis sur la table, cet automne, l’idée de taxer le kérosène, jusqu’ici exonérée en vertu d’accords internationaux, alors que dans le même temps, les prix des carburants à la pompe flambent pour les automobilistes.

A l’occasion de l’examen à l’Assemblée nationale de la loi sur les mobilités, plusieurs députés ont déposé des amendements pour instaurer une taxe de « 10 euros par passager pour un vol intérieur ou intra-européen (25 euros en classe affaires) à 20 euros pour un vol extra-européen (50 euros en affaires) », soulignent Les Echos, soit une hausse de 10 à 20% du prix d'un vol intra-européen, en moyenne.

Une récente étude de la Commission européenne suggère même d’instaurer un prélèvement à hauteur de 33 centimes d’euros par litre de carburant. Cela aurait pour effet d’augmenter le prix des billets de 10% et de réduire ainsi dans les mêmes proportions les émissions de CO2. Une augmentation qui dissuaderait à terme de nombreuses personnes de prendre l’avion. Pour la France, elle permettrait même de rapporter 3,5 milliards d’euros aux caisses de l’Etat. Mais pour le gouvernement, pas question de taxer le kérosène seulement au niveau hexagonal. Une telle mesure doit se faire au niveau européen. C’est d’ailleurs un des engagements de la liste de LREM pour les élections européennes de dimanche.

A l’Assemblée, les députés ont donc refusé logiquement, hier, de taxer le kérosène. Cependant, ils ont voté pour une contribution du transport aérien au financement des autres modes de transport. Les surplus de recettes (environ 40 millions d'euros) de la taxe de solidarité sur les billets d’avion, dite « taxe Chirac » seront versés à l’Agence de financement des infrastructures de transport de France (Afitf).

De leur côté, Les Entreprises du voyage (EdV), le syndicat professionnel représentant 90% du secteur du tourisme, veulent à tout prix éviter l’instauration d’une taxe kérosène. A la place, selon Les Echos, ils proposent de lever des ressources pour un fonds d'actions vertes pour compenser les émissions de gaz à effet de serre du transport aérien. En se basant sur le prix du CO2 sur le marché carbone, l’éco-contribution reviendrait à 1,60 € par passager et par heure de vol sur un A320. Bien moins que les 10 euros proposés par la présidente de la Commission du développement durable, Barbara Pompili, selon Jean-Pierre Mas, le président de EdV. La bataille de chiffres ne fait que commencer. Une chose est sûre, les passagers pourraient bien devoir mettre la main au portefeuille un de ces jours.