La délocalisation en région de certains services de l'administration fiscale, confirmée par le ministre des Comptes publics Gérald Darmanin, ne traduit pas « une reconquête » des territoires mais une « paupérisation du service public », a estimé le jeudi syndicat Solidaires finances publiques.

« Loin d'être une reconquête, cette opération ne vise en réalité qu'à réaliser des économies en matière d'immobilier. Surtout, elle ne se traduira pas par une meilleure accessibilité du service public », a dénoncé le principal syndicat des impôts dans un communiqué. « Cette opération s'inscrit dans le cadre d'une restructuration nommée géographie revisitée ». Or « la géographie revisitée va se traduire par un repli territorial inédit des services » de l'administration fiscale, « sur fond d'accélération des suppressions d'emplois », a-t-il ajouté.

Déplacer 3 000 agents en régions

Gérald Darmanin a annoncé mercredi, dans un entretien accordé au Parisien, vouloir « déplacer des services de la Direction générale des finances publiques (DGFiP), soit environ 3.000 agents, en régions, et notamment en ruralité », sans préciser les services visés ni les modalités de l'opération. « Aujourd'hui, Internet permet d'installer ces services en Creuse, dans le bassin minier, en Bretagne (...) Cela permettra de réaliser des économies sur l'immobilier, car cela coûte manifestement moins cher d'occuper des bâtiments à Guéret (Creuse), plutôt qu'en Île-de-France », a justifié le ministre. « Les restructurations envisagées riment avec déstructuration », estime de son côté Solidaires finances publiques, qui insiste sur le fait que ces délocalisations s'inscrivent dans un cadre plus large de réorganisation de la DGFiP, avec en perspectives de nouvelles suppressions de postes.

Cette refonte « en profondeur » de la DGFiP, accompagnée d'un mouvement de décentralisation « dans les territoires ruraux » de certains services, avait été annoncée l'été dernier par le gouvernement. Ce mouvement de délocalisation pourrait concerner les services de publicité foncière (tenue des registres immobilier), les services de gestion ou d'expertise, mais aussi certaines tâches effectuées au profit des collectivités. En contrepartie, un certain nombre de trésoreries publiques devraient être supprimées, le gouvernement prévoyant de développer l'accueil du public dans des « maisons de service public » ou dans des agences itinérantes.

Selon Bercy, près de 107.000 agents travaillent actuellement pour l'administration fiscale. La DGFiP, qui a perdu près de 20.000 fonctionnaires en dix ans, dispose de 4.000 agences sur l'ensemble du territoire français.