L’Autorité des marchés financiers a envoyé ses visiteurs mystère pour tester la qualité du conseil en investissement des banquiers. Verdict : en 2019, ils respectent plus les procédures qu’en 2015. Même s'ils oublient encore trop souvent d'informer leurs clients sur les frais des placements...

Bien, en net progrès, mais peut (toujours) mieux faire. Voici en résumé l’appréciation de l’AMF suite à sa nouvelle vague de visites mystère, conduite dans 11 réseaux bancaires, qui ne sont évidemment pas prévenus du test : Banque Populaire, BNP Paribas, Caisse d’épargne, CIC, Crédit Agricole, Crédit du Nord, Crédit Mutuel, La Banque Postale, LCL, HSBC et Société Générale. Précision d'importance : cet exercice ne vise pas à sanctionner les établissements testés, mais à observer les pratiques commerciales en agence.

Cette vague, réalisée début 2019, permet au gendarme financier de constater les progrès des banquiers depuis l’entrée en vigueur de la réglementation européenne dite « MIF 2 », en janvier 2018. L’AMF constate ainsi de gros progrès sur les questionnaires de risque préalables à l’investissement. Auparavant, les clients étaient avant tout interrogés sur le montant de leur patrimoine. Ils sont désormais majoritairement sondés sur leur situation fiscale, leurs charges et leurs revenus. Encore mieux : les clients peu habitués à prendre des risques avec leurs deniers sont interrogés - 2 fois sur 3 - sur leur capacité à supporter des pertes. Des questions portent aussi assez majoritairement sur les objectifs de l’épargnant.

L’assurance vie en unités de compte, conseil n°1

Le bilan n’est pas parfait, sur les questionnaires de connaissance client et de profil de risque, mais l’amélioration est nette et réelle ! L’AMF dresse d’autres éléments de satisfaction, comme une plus grande hétérogénéité dans les placements proposés.

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Elèves appliqués, les banquiers ont en revanche du mal à personnaliser leurs conseils. L’AMF a ainsi envoyé d’une part des clients « mystère » allergiques au risque, et d’autre part des clients habitués à investir en bourse (1). Or les propositions de placement sont globalement les mêmes, pour ces deux profils. L’assurance vie en unités de compte, sans garantie en capital, reste ainsi l’enveloppe « proposée spontanément par 90% des conseillers ». En l’accompagnant le plus souvent d’une proposition de gestion sous mandat, dans 6 cas sur 10. Le PEA et le compte-titres, tout comme la SCPI, sont toutefois plus fréquemment abordés qu’en 2015, avec les deux profils de clients.

Un manque d’information sur les frais

Dernier gros bémol, qui empêche les banquiers de s'en sortir avec une très bonne note : « Moins de la moitié des conseillers ont communiqué les frais liés aux enveloppes (assurance vie, PEA) ou aux instruments financiers. » Pire : les documents d’informations clés, notices détaillant entre autres les frais des placements, n’ont été remis que dans 1 cas sur 5 ! « Il s’agit pourtant d’une obligation réglementaire », insiste l’AMF. Des efforts à poursuivre…

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(1) Dans les deux cas le client mystère est marié, a 40 ou 50 ans, des enfants, est propriétaire de sa résidence principale, et compte placer une somme de 70 000 euros. Pour le profil « risquophobe », son patrimoine financier, de 50 000 euros, n’est investi que sur des livrets et en assurance vie. Le client « risquophile » détient lui déjà un compte-titres et d’autres produits investis en actions.