La baisse de l'impôt sur le revenu annoncée par Emmanuel Macron entrera en vigueur en janvier 2020, a indiqué vendredi le ministre des Comptes publics Gérald Darmanin, évoquant une réduction d'environ « 10% » pour les classes moyennes. Le ministre de l'Economie et des Finances Bruno Le Maire a estimé à 15 millions le nombre de foyers fiscaux concernés par cette baisse.

« Le Premier ministre et moi-même ainsi que [le ministre de l'Economie] Bruno Le Maire allons soumettre au parlement en octobre une loi de finances, qui prévoira une baisse de l'impôt sur le revenu », a indiqué Gérald Darmanin sur RTL. « Comme il y a l'impôt à la source désormais », cette baisse d'impôts entrera en vigueur « dès le mois de janvier de l'année prochaine », a ajouté le ministre, en refusant de préciser à partir de quel niveau de revenu les contribuables pourront bénéficier de ce geste fiscal.

Concernant le montant qui sera rendu aux contribuables concernés, le ministre des Comptes publics, Gérald Darmanin, a par ailleurs assuré qu'Emmanuel Macron avait « donné une indication », en évoquant un chiffre global de 5 milliards d'euros. « L'impôt sur le revenu, c'est à peu près 70 milliards d'euros de recettes » par an, a-t-il souligné. Sur cette base, « on peut considérer que c'est une baisse d'impôt d'à peu près 10% pour chacun des Français qui paye l'impôt sur le revenu, à l'exception des plus riches d'entre eux », a-t-il ajouté.

15 millions de foyers fiscaux concernés

« Il appartiendra au Parlement de fixer le montant à partir duquel on fera cette baisse d'impôt », a justifié Gérald Darmanin, tout en assurant que cette baisse d'impôt serait concentrée sur les « classes moyennes ». « Ma proposition [au Premier ministre Edouard Philippe] sera qu'environ 15 millions de foyers fiscaux français puissent être touchés, concernés, par cette baisse d'impôt » de 5 milliards d'euros, a de son côté expliqué le ministre de l'Economie et des Finances Bruno Le Maire sur la chaîne télévisée LCI, évoquant plusieurs pistes.

Comme première mesure, Bruno Le Maire souhaite « adoucir l'entrée dans l'impôt sur le revenu » qu'il juge actuellement « trop brutale » et « dissuasive » notamment pour les personnes qui reprennent un travail. Lors d'un séminaire prévu lundi avec le Premier ministre, il proposera également que les cinq milliards d'euros de réduction d'impôt sur le revenu se concentrent « essentiellement » sur la première tranche, « celle à 14% de l'impôt sur le revenu ».

« Je proposerai également au Premier ministre que tous ceux qui appartiennent à la deuxième tranche, celle qui est à 30%, puissent également être concernés », a ajouté Bruno Le Maire. Cinq tranches progressives existent actuellement pour l'impôt sur le revenu, dont s'acquittent 16,8 millions de foyers fiscaux, sur un total de 38,3 millions : 0%, 14%, 30%, 41% et 45%, pour les revenus supérieurs à 153 783 euros.

Bercy fera ses propositions dès lundi à Edouard Philippe

Bruno Le Maire affirme qu'il proposera, dès lundi, au Premier ministre, Edouard Philippe, une série de mesures pour mettre en œuvre la baisse de 5 milliards d'euros de l'impôt sur le revenu, annoncée la veille par le président de la République lors de sa conférence de presse organisée à l'issue du grand débat national pour répondre à la crise des « gilets jaunes ».

Ne pas laisser « filer » la dette publique

Malgré tout, Bruno Le Maire a assuré que le gouvernement ne laisserait « filer » ni le déficit public ni la dette. « Sur la dépense publique, nous ne lâcherons rien », a-t-il affirmé, sans préciser toutefois quelles mesures d'économies il entend prendre pour réduire la dépense, à l'exception de la suppression de niches fiscales pour les entreprises déjà annoncée par le président de la République lors de sa conférence de presse.

« Le président de la République s'est fixé un principe dont je me porte le garant : chaque euro de baisse d'impôt sur le revenu doit être financé par un euro de baisse de la dépense publique », a ajouté Bruno Le Maire. Le ministre n'a toutefois pas donné de précisions sur les économies envisagées, notamment sur les organismes qualifiés la veille « d'inutiles » par Emmanuel Macron qui avait appelé à les réduire « massivement ». « Je ne vais pas commencer à donner des exemples ici ou là parce que cela va inquiéter beaucoup de monde », a reconnu le ministre, précisant toutefois qu'il regarderait avec son collègue Gérald Darmanin, d'ici à la présentation du budget à l'automne, « ce qui est utile et ce qui ne l'est pas ».

Macron veut répondre à « l'injustice fiscale »

Emmanuel Macron a proposé jeudi de réduire « significativement » l'impôt sur le revenu pour répondre à « l'injustice fiscale » dénoncée lors du grand débat, estimant à environ cinq milliards d'euros la baisse qui pourrait entrer en vigueur. Le chef de l'Etat n'a pas précisé selon quelles modalités pourrait s'effectuer cette baisse. Mais plusieurs membres de la majorité et du gouvernement se sont prononcés ces derniers jours pour la création d'une ou de plusieurs tranches d'imposition supplémentaires, pour rendre l'impôt sur le revenu plus progressif.