Réindexation des pensions sur l'inflation, « retraite minimale » de 1 000 euros pour une carrière complète, maintien de l'âge légal de départ à 62 ans : Emmanuel Macron a enchaîné les promesses jeudi, mais aussi ouvert la porte à « un système de décote » pour les financer, via un allongement de la durée de cotisation.

Une confirmation, un revirement et une surprise. Pour la première conférence de presse de son quinquennat, le chef de l'Etat a beaucoup parlé des retraites. Après des semaines de cacophonie gouvernementale sur la question de l'âge légal, que le candidat Macron avait promis de maintenir à 62 ans, le président de la République a enfin tranché le débat.

« Est-ce qu'il faut reculer l'âge légal ? Je ne crois pas, pour deux raisons. La première, c'est que je me suis engagé à ne pas le faire », a-t-il expliqué. « La deuxième raison, c'est que tant qu'on n'a pas réglé le problème du chômage dans notre pays, franchement, ce serait assez hypocrite de décaler l'âge légal », a-t-il ajouté, affirmant qu'« on doit d'abord gagner ce combat ».

Tant pis pour tous ceux, à droite, au Medef et à Bercy, qui voyaient là un moyen simple d'équilibrer les comptes et de dégager en prime des marges de manœuvre pour la réforme de la dépendance.

Mais Emmanuel Macron en a aussi profité pour corser l'addition. D'abord en actant son revirement, attendu, sur la revalorisation des pensions. La « sous-indexation » imposée en 2019 (0,3% d'augmentation contre 1,8% d'inflation) a été « mal vécue » et devait « être corrigée », a-t-il reconnu, souhaitant que « les retraites de moins de 2.000 euros » suivent à nouveau l'évolution des prix début 2020.

Puis, allant plus loin que la piste avancée par sa majorité et son gouvernement, le chef de l'Etat a émis le souhait « qu'il n'y ait plus de sous-indexation de quelque retraite que ce soit à partir de l'année 2021 ».

« Laisser le libre choix »

Un élan de générosité prolongé un peu plus tard par l'annonce surprise d'une forte hausse du « minimum contributif » garanti à ceux qui ont une carrière complète, soit parce qu'ils ont cotisé le nombre de trimestres requis, soit parce qu'ils ont atteint l'âge du « taux plein » (67 ans en règle générale).

Ce filet de sécurité est actuellement inférieur à 700 euros et peut être abaissé en fonction des autres pensions perçues, de sorte que la somme des retraites (de base et complémentaires, françaises et étrangères) ne dépasse pas un plafond actuellement fixé à 1.177,44 euros.

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Emmanuel Macron veut désormais que « la retraite minimale qu'on touche quand on a travaillé durant sa vie, ce soit 1.000 euros ». Un montant selon lui « significativement supérieur » au minimum vieillesse, complément de revenu pour les retraités pauvres d'au moins 65 ans, que le président s'est déjà engagé à porter à 903 euros début 2020.

Sans se risquer à estimer le coût de ces mesures, le chef de l'Etat a jugé nécessaire de « travailler davantage » pour « financer notre système » de protection sociale. Mais sans toucher à l'âge légal de la retraite, ni « revenir sur des jours fériés », ni modifier la « référence légale théorique » des 35 heures de travail hebdomadaire.

« Ca peut se faire d'une autre manière, (qui) est d'allonger la durée de cotisation et de laisser le libre choix », a-t-il indiqué, soulignant que les Français retardent de plus en plus leur départ en retraite (62,7 ans en 2018) « parce qu'ils ne veulent pas la décote qui va avec le système ».

Et d'insister : « Ce sur quoi peut travailler le gouvernement avec le Parlement, c'est de regarder si on peut allonger la période de référence sans bouger l'âge légal, pour avoir un système de décote qui incite à travailler davantage, mais sans forcer tout le monde ».