Près de 5% de la population française, soit environ 3 millions de personnes, ne sont pas couvertes par une assurance complémentaire santé malgré la généralisation des contrats d'entreprise, selon une publication diffusée mercredi par la Drees.

Ces Français sans mutuelle « sont principalement des personnes à faible revenu : travailleurs précaires, chômeurs ou inactifs », relève le service statistique des ministères sociaux dans la deuxième édition de son « Panorama des complémentaires santé ». La Drees rappelle qu'en 2014, 16% des chômeurs et 9% des personnes au foyer se déclaraient non couverts, contre 2% à 3% des fonctionnaires, salariés du privé et retraités.

La généralisation de la complémentaire d'entreprise, entrée en vigueur en 2016, a peu changé cette situation : « Les premières estimations indiquent que le taux de non-couverts ne baisserait que d'un point » du fait de cette mesure.

Taux de non-recours élevé

Passées entre les mailles du filet des contrats collectifs, les personnes sans couverture santé complémentaire sont aussi des bénéficiaires potentiels des filets de sécurité. Ainsi, la moitié « pourraient en principe prétendre à la CMU-C (couverture maladie universelle complémentaire) ou à l'ACS (aide au paiement d'une complémentaire santé) », calcule la Drees, qui pointe « une méconnaissance (de ces) dispositifs d'aide ». Le taux de non-recours à la CMU-C était évalué entre 34% et 45% en 2017, soit 2,8 à 4,5 millions de personnes. Pour l'ACS, ce taux était estimé entre 41% et 59%, soit 1,1 à 2,3 millions de personnes supplémentaires.

S'ils ne font pas valoir leurs droits, ces assurés peuvent toutefois bénéficier d'une complémentaire santé, à titre individuel, par leur employeur (bas salaires, temps partiels) ou en tant qu'ayant-droits (conjoint, parent). Le gouvernement a décidé de fusionner au 1er novembre 2019 la CMU-C et l'ACS, qui deviendra une CMU « contributive » avec une participation financière jusqu'à 30 euros par mois, afin d'augmenter les taux de recours.

En outre, la Drees confirme la concentration du marché des complémentaires santé : 474 organismes exerçaient cette activité en 2017, soit 18 de moins qu'en 2016. En 2001, on en comptait 1.702.

Depuis, « le nombre de mutuelles a été divisé par quatre » (346 en 2017) et « le nombre d'institutions de prévoyance par deux » (25 en 2017), tandis que celui des sociétés d'assurance a reculé « dans des proportions moindres » (103 en 2017). Un « vaste mouvement » de « fusions et absorptions » provoqué par « les exigences réglementaires », en particulier sur les réserves financières, et par une concurrence exacerbée du fait de la couverture quasi-totale de la population.

Dans ce paysage de plus en plus compétitif, les assurances ont tiré leur épingle du jeu : leur part de marché est passée de 19% à 31% des cotisations collectées (35,7 milliards d'euros au total en 2017). Une croissance qui s'est principalement faite au détriment des mutuelles (-12 points à 51%) et plus marginalement des institutions de prévoyance (-3 points à 18%).