En lieu et place de l'abattement forfaitaire de 10% pour frais professionnels, vous pouvez avoir intérêt à déduire de vos revenus les frais réels. Voici les dépenses concernées.

La date limite pour votre déclaration de revenus 2023 approche et pour des millions d'actifs, une question peut se poser : est-il intéressant de passer aux frais réels ? En effet, si depuis le passage au prélèvement à la source, le fisc prélève directement l'impôt sur vos revenus mensuelles (salaires, traitements, pensions...), la Direction générale des finances publiques (DGFiP) a besoin que vous fassiez un bilan de vos revenus de l'année précédente. Cela lui permet, entre autres, de vérifier que vous avez payé le juste montant d'impôts, de procéder si nécessaire à un ajustement, et d'actualiser votre taux de prélèvement à la source.

Par conséquent, le fisc va calculer votre revenu imposable. Si vous êtes salarié, en recherche d'emploi, ou si vous travaillez dans la fonction publique, vous pourrez déduire de ce montant vos frais professionnels. Pour ce faire, deux options s'offrent à vous : l'abattement forfaitaire de 10% ou la déduction aux frais réels.

Dans le premier cas, le fisc considère qu'un dixième de vos revenus d'activité – dans la limite de 13 522 euros - ont servi à couvrir vos dépenses liées à votre activité professionnelle. La déduction de 10% est automatique, vous n'avez rien à faire ! En revanche, si vos dépenses professionnelles dépassent 10% de vos revenus imposés ou le plafond maximum déductible, vous avez intérêt à opter pour la déduction aux frais réels.

Cette option est plus complexe puisqu'elle nécessite que vous sortiez votre calculatrice ! Elle implique également que vous soyez en mesure de justifier ces dépenses par des factures, des quittances, notes de restaurants et d'hôtels et autres attestations pendant au moins les trois années qui suivent leur règlement. Voilà pour le cadre général ! En pratique, l'administration fiscale encadre les dépenses professionnelles qui peuvent faire l'objet d'une déduction. Les voici.

Les frais de transport du domicile au lieu de travail

Lorsque la distance entre votre domicile et votre lieu de travail n'excède pas 40 kilomètres (80 km aller-retour), vous pouvez soustraire de vos revenus imposés la totalité de vos frais de déplacement. Pour ce faire, vous avez deux options. Vous pouvez d'abord vous référer au barème kilométrique publié par le fisc.

Présent dans la notice de votre déclaration, il tient compte des kilomètres roulés, du type de véhicule (voiture, moto, scooter...) et de sa puissance. Ce barème intègre la consommation de carburant, les primes d'assurance, l'entretien, la réparation et la dépréciation du véhicule, et les dépenses de pneumatiques.

En revanche, le barème de l'administration fiscale ne tient pas compte des frais de péage, de stationnement et des intérêts payés si vous avez acheté votre véhicule à crédit. Ces frais doivent donc être déduits distinctement et calculé au prorata de l'usage professionnel de l'automobile si vous l'utilisez aussi pour vos déplacements personnels. Par exemple, en cas de prêt auto, si la moitié des kilomètres roulés résultent des trajets professionnels, vous pouvez déduire 50% des intérêts payés en 2022.

En outre, l'usage du barème kilomètrique pour évaluer vos frais de transport ne vous exonère pas de conserver les justificatifs de vos dépenses. Au contraire, vous devez être capable de justifier la réalité et l'importance des kilomètres parcourus. Le barème peut être utilisé par les automobilistes propriétaires ou copropriétaires du véhicule, mais aussi par ceux qui louent leur voiture en LOA par exemple. Attention, le cas échéant, les loyers, comme ils sont facturés au titre de frais couverts par le barème fiscal (comme l'assurance et l'entretien), ne sont pas déductibles.

Pratique, l'utilisation du barème de l'administration fiscale reste toutefois facultative. Vous pouvez, en effet, évaluer vous-même vos frais de déplacement si ceux-ci dépassent le barème kilométrique prévu pour la puissance de votre véhicule. Attention, les dépenses que vous reportez – hors frais non couverts par le barème - ne peuvent dépasser le montant qui résulterait de l'application du barème pour un véhicule de la puissance maximale, soit 7 CV.

Si la distance qui vous sépare de votre lieu de travail est supérieure à 40 km, la somme déduite ne tient compte que des 40 premiers kilomètres, sauf si vous êtes en mesure de justifier que cet éloignement n'est pas dû à des convenances personnelles. Concrètement, si la distance s'explique par des difficultés à trouver un emploi à proximité de chez vous, ou à l'inverse à trouver un logement proche de votre lieu de travail, ou encore si elle se justifie par une mutation professionnelle, la déduction au-delà des 40 premiers kilomètres est permise.

Comment déduire les frais réels ?

La déduction des frais professionnels réels nécessite que vous renseigniez leur montant dans la case 1AK (et de 1BK à 1DK si vous faites déclaration commune). Vous devez également détailler vos frais dans une note explicative à envoyer au fisc. Enfin, si votre employeur vous a versé des indemnités au titre de la prise en charge de ces frais professionnels (tickets restaurants, indemnités de transport...), vous devez les additionner à vos revenus imposés.

Passer aux frais réels, un bon plan avec la nouvelle hausse du barème kilométrique ?

Les repas pris hors de chez vous

Si votre activité professionnelle ou votre lieu de travail ne vous permet pas de revenir manger chez vous, vous pouvez déduire une partie des frais de nourriture. Cette année, l'administration fiscale évalue à 5 euros le prix d'un repas à domicile. Par conséquent, le montant des frais déductibles à ce titre est égal à la différence entre le prix du repas effectivement payé et ces 5 euros. Mais si évaluer le coût précis est impossible alors vous devez déduire un montant forfaitaire de 5 euros par repas pris à l'extérieur.

Si vous mangez dans une cantine d'entreprise, vous pouvez déduire les frais dépassant 5 euros. A noter, dans tous les cas, si vous bénéficiez de titres restaurant, la somme à la charge de votre employeur ne peut être soustraite de vos revenus imposables. Vous devez donc retrancher sa participation des frais de nourritures que vous allez déduire.

Les frais de formation

Si vous êtes salarié ou demandeur d'emploi inscrit à Pôle emploi et que vous suivez une formation professionnelle, vous pouvez déduire les frais engagés. En revanche, les étudiants ou les personnes récemment diplômées qui ont contracté un crédit pour financer leurs études supérieures ne peuvent pas déduire les charges de remboursement de leurs revenus.

Les dépenses réglées pour vous perfectionner dans votre travail actuel, comme l'achat de livres, peuvent aussi être soustraites de vos salaires et traitements. Si vous êtes demandeur d'emploi ou que vous cherchez à changer de poste, vous avez la possibilité de déduire de votre revenu imposable les frais qui en résultent, comme l'envoi par la poste de CV et autres lettres de motivation ou encore vos déplacements pour vous rendre en entretien.

L'achat de vêtements professionnels

Les frais d'achat et d'entretien de vos vêtements professionnels, tels les bleus de travail et les uniformes spécifiques, sont déductibles pour leur montant réel et sous réserve que vous ayez conservé, là encore, les factures.

L'achat de matériels et de mobilier de bureau

Les achats à vos frais de biens nécessaires à l'exercice de votre profession (les meubles et autres outils) sont entièrement déductibles si leur valeur unitaire ne dépasse pas 500 euros hors taxe. Au-delà de ce montant, vous pouvez déduire une somme égale à la dépréciation annuelle de l'outil. La dépréciation correspond à la différence entre le prix d'achat du bien et sa valeur au dernier jour de l'année.

Illustration avec l'achat d'un ordinateur, amortissable sur 3 ans. Il est possible que vous en ayez un usage mixte : il vous sert dans votre vie professionnelle et aussi personnelle. Dans ce cas, vous ne pouvez pas déduire la totalité de la dépréciation subie mais uniquement la part théorique correspondant à son usage professionnel. Par exemple, imaginons que vous ayez acheté un ordinateur pour une valeur de 2 400 euros au 1er juillet 2022. Le montant amorti au bout d'un an s'élève à 396 euros (2 400 x 33% x 6/12). Or, comme l'ordinateur vous sert à mi-temps pour vos besoins personnels, vous déduirez 198 euros.

Par exception, l'achat d'un logiciel informatique est déduit, comme le matériel de moins de 500 euros HT, en totalité l'année du paiement, « s'il s'agit d'un logiciel spécifiquement professionnel, soit en fonction de la seule utilisation professionnelle », précise la brochure du fisc.

La location d'un local professionnel

Si votre employeur ne met pas à votre disposition un bureau ou un local spécifique, vous pouvez déduire les dépenses afférentes à l'occupation de votre lieu de travail : loyers et charges locatives, entretien, impôts locaux ou encore les intérêts du prêt contracté si vous avez acquis ce bien. Si vous utilisez à des fins professionnels une partie de votre résidence principale, vous devez déterminer la part de celle-ci dédiée à votre usage professionnel. Et les frais que vous pouvez déduire sont calculés au prorata.

Les frais de double résidence et de déménagement

Si votre emploi nécessite que vous habitiez dans un logement différent du reste de votre famille, vous pouvez retrancher les frais qui en résultent : nourriture et déplacement. Le fisc permet aussi de déduire les loyers versés ainsi que les intérêts d'emprunt si vous avez acquis une seconde résidence.

En cas de changement de domicile en 2022, rendu obligatoire pour obtenir un nouvel emploi ou parce que vous êtes muté, vous pouvez également déduire vos frais de déménagement. C'est-à-dire le coût du déménagement lui-même (location de voiture, coût des déménageurs professionnels) et les frais de transport des personnes. Si votre employeur a participé aux frais en vous versant des indemnités de mutation par exemple, vous devez ajouter cette participation à vos revenus imposables.

Comment déduire un logement dans ses frais professionnels

Bilan : les frais déductibles sont nombreux

Mais ces dépenses soustraites du revenu imposable doivent être justifiées à l'aide de factures, quittances et autres pièces les prouvant. En effet, soyez conscient que plus le montant de vos frais réels est important, plus l'administration fiscale risque de vouloir vérifier leur véracité.