Edouard Philippe s'est dit ouvert mercredi à l'idée de « travailler plus longtemps » pour financer la prise en charge de la dépendance par la Sécurité sociale, tout en excluant de le faire dans le cadre de la réforme en cours des retraites.

Interrogé lors des questions au gouvernement à l'Assemblée nationale, le Premier ministre a souligné les besoins de financement « considérables » qui s'annoncent pour prendre en charge le grand âge et les personnes âgées en situation de dépendance, réitérant des propos similaires tenus vendredi sur Europe 1.

« Ca fait très longtemps qu'on en parle, on a parlé d'un 5e risque, on a parlé de la prise en charge et il se trouve que, malheureusement, en dépit des efforts parfois consentis par les collectivités territoriales, souvent consentis par l'État, nous n'y sommes pas encore », a affirmé Edouard Philippe devant les députés. « Dans ce contexte de vieillissement et d'un besoin de financement considérable, se poser la question de savoir s'il faut travailler plus longtemps pour que le fruit de ce travail plus long finance ces besoins considérables d'investissement et de prise en charge, de la diminution du reste à charge, est une question parfaitement valide », a-t-il poursuivi. « Ce qui m'inquièterait serait qu'on ne se la pose pas », a affirmé le Premier ministre, en pointant qu'en 2050, il y aura plus de 5 millions de Français de plus de 85 ans, contre 1,5 million actuellement.

Vendredi sur Europe 1, l'ex-maire du Havre avait prudemment « posé la question de savoir si un jour, pour dégager ces moyens financiers, l'équilibre sera de dire travaillons un peu plus longtemps pour faire en sorte que la dépendance soit totalement prise en charge ».

Un jour de travail supplémentaire pour financer la dépendance ?

Le 10 mars, le délégué général de La République en Marche Stanislas Guerini avait proposé d'instaurer un jour de travail supplémentaire pour financer la dépendance, une proposition rappelant la journée de solidarité instaurée sous la deuxième présidence Chirac.

Une journée supplémentaire « ne suffira pas » à financer les besoins en matière de dépendance, a estimé lors du compte-rendu du Conseil des ministres le porte-parole du gouvernement Benjamin Griveaux. « On a vu l'inquiétude des personnes avec des petites retraites face à ce qui se profile pour de plus en plus de Français, à savoir à gérer les périodes de dépendance, plus longues », a-t-il pointé, soulignant qu'« on vit plus longtemps mais on meurt en moins bonne santé, plus dépendant, moins mobile ».

Devant l'Assemblée nationale, Edouard Philippe a en revanche exclu que la réforme des retraites actuellement préparée par le haut-commissaire Jean-Paul Delevoye touche à l'âge de la retraite.

« Dans le cadre de cette réforme, il n'est pas question de modifier l'âge de départ à la retraite », a-t-il dit devant les députés. Le sujet a donné lieu à un rétropédalage mardi de la ministre des Solidarités Agnès Buzyn, qui a assuré qu'il n'y aurait pas de remise en cause de l'âge légal actuel (62 ans) après avoir dit dimanche ne pas être « hostile » à l'idée de retarder l'âge de départ en retraite.