Le gouvernement a annoncé mardi tabler sur un chiffre de 1,4% de croissance en France cette année, contre 1,7% dans son projet de budget 2019. Il a estimé que l'activité économique aurait pu être plus dynamique sans les manifestations des Gilets jaunes.

« La croissance française reste très forte : nous ferons 1,4% cette année. On fera mieux que quasiment tous les pays européens », a déclaré le ministre des Comptes publics Darmanin sur LCI.

« La croissance devrait être de l'ordre de 1,4% en 2019, chiffre que je confirmerai au moment de la présentation du programme de stabilité », qui sera envoyé en avril à la Commission européenne, a abondé son collègue des Finances Bruno Le Maire lors d'une audition au Sénat. « La France devrait faire en 2019 mieux que la moyenne de la zone euro, et mieux que ses principaux partenaires que sont l'Allemagne et l'Italie, dans un environnement international dont chacun mesure qu'il est incertain », a ajouté le ministre, interrogé sur l'impact économique du mouvement des Gilets jaunes.

Dans son projet de budget pour 2019, présenté à l'automne, Bercy avait prévu une croissance de 1,7% cette année. Mais le gouvernement avait reconnu ces derniers mois que ce chiffre ne pourrait pas être atteint, en raison du ralentissement économique mondial, et notamment européen.

D'après l'OCDE, la croissance ne devrait pas dépasser 1% dans la zone euro cette année, contre 1,4% initialement prévus. En Allemagne, elle devrait même retomber à 0,7% (après +1,4% en 2018) tandis que l'Italie tombera en récession (-0,2% après +0,9% en 2018). « Les fondamentaux économiques de notre pays restent solides », a souligné Bruno Le Maire.

Image abîmée

D'après l'exécutif, la croissance française aurait néanmoins pu être plus élevée cette année sans les manifestations des dernières semaines. « On aurait peut-être 1,6% ou 1,7% s'il n'y avait pas le mouvement des Gilets jaunes », a estimé Gérald Darmanin.

L'impact économique des manifestations a été évalué « à 0,1 point de PIB pour le quatrième trimestre 2018 et jusqu'à 0,2 point de PIB pour 2018 et 2019 », a rappelé de son côté Bruno Le Maire, disant maintenir « cette évaluation après consultation de l'ensemble des fédérations » de commerçants et du patronat.

« Il faut être prudent sur ces évaluations car il y a des effets de report de consommation qui sont très difficiles à évaluer ». Mais « ce qui est certain, c'est que la crise a eu un impact significatif », lié « aux blocages de certains dépôts, aux difficultés d'approvisionnement rencontrées par certaines grandes surfaces et à la baisse de la fréquentation touristique », a-t-il détaillé.

Le ministre des Finances comme celui des Comptes publics ont dit s'inquiéter pour « l'image » que les violences des derniers mois donnent « aux investisseurs étrangers ».

Ces images « abîment la France, elles abîment notre réputation », a déclaré Bruno Le Maire. « Quand on attaque le Fouquet's, on attaque peut-être un symbole de la richesse à Paris (...) mais on attaque surtout l'image de notre pays, de Paris », avec pour conséquence « beaucoup d'emplois en moins », a abondé Gérald Darmanin.

Dans sa note de conjoncture publiée mardi, l'Insee a estimé – sans donner de chiffre – que l'« impact macroéconomique à court terme » des manifestations avait été « plus faible que son retentissement politique et médiatique ».

Selon l'organisme public, les mesures d'urgence prises sous la pression des gilets jaunes devraient en revanche doper la croissance cette année, en stimulant le pouvoir d'achat.