L’Insee s’est penché sur les effets conjoints des réformes des prélèvements sociaux et de la hausse du coût du carburant. Verdict : « la hausse des prix des produits pétroliers a fait plus qu’annuler le gain dû à la bascule des cotisations sociales vers la CSG ».

Flash-back, un an en arrière. Au 1er janvier 2018, la CSG augmente de 1,7 point sur les revenus d’activité, du patrimoine et sur certaines pensions de retraite. En contrepartie, les cotisations sociales pesant sur les salaires ont elles été réduites en deux temps : au 1er janvier, puis au 1er octobre. En parallèle, la « taxe carbone », la désormais célèbre TICPE, augmente au 1er janvier 2018, ce qui s’est traduit par une hausse de 6,33 centimes d’euros par litre de gazole et de 3,22 centimes par litre d’essence. Dans le même temps, les cours du pétrole remontent, ce qui aboutit à une hausse (taxe comprise) de 11% pour l’essence, 19% pour le gazole et de 27% pour le fioul domestique.

7 euros en moins, par ménage, en octobre

L’Insee a cherché à mesurer l’impact, sur le pouvoir d’achat, de ces mesures fiscales et sociales, combinées à la hausse des prix du pétrole, sur la période janvier-octobre 2018. Une période qui correspond à l’entrée en vigueur progressive de la baisse des cotisations sociales mais aussi, évidemment, à la période précédant la crise des Gilets Jaunes, marquée par une première manifestation (« acte 1 ») le 17 novembre 2018. Depuis, les prix du pétrole ont évidemment évolué plus favorablement pour les consommateurs.

Constat global, pour l’ensemble des ménages : la bascule des cotisations sociales vers la CSG a permis d’accroître « de 120 millions d’euros le revenu disponible total des ménages ». Problème, dans le même temps : « En octobre 2018, les dépenses de carburants et de fioul domestique des ménages sont plus élevées de 500 millions d’euros par rapport à une situation sans hausse des prix des produits pétroliers. » En ramenant ces chiffres à chaque ménage, l’Insee estime le gain de la réforme « CSG-cotisations sociales » à 5 euros en moyenne par ménage, sur le mois d’octobre 2018. Un gain annulé par une perte de 12 euros liées à l’évolution des prix de l’énergie… Soit 7 euros de perte moyenne, par ménage, en octobre.

Des gagnants, des perdants

Ce constat global mérite toutefois d’être affiné. Dans un premier temps par rapport à l’activité des foyers : pour les ménages dont la personne de référence travaille, la période s’est traduite malgré tout par un gain mensuel de 5 euros en niveau de vie moyen, même en intégrant la hausse des coûts de l’énergie. En revanche, les retraités ont perdu en moyenne 39 euros ! « La bascule des cotisations sociales vers la CSG réduit leur niveau de vie mensuel de 27 euros en moyenne », détaille l’Insee, « auxquels s’ajoute une perte de 12 euros due à la hausse des prix des carburants et du fioul domestique ».

Les ménages résidant dans les territoires ruraux et dans les villes moyennes ont aussi été plus fortement pénalisés, lors de la période janvier-octobre 2018, que les habitants des grandes villes et agglomérations. L’explication est évidente : l’importance à la campagne et dans les villes moyennes des déplacements quotidiens, en voiture, ce qui rend l’impact de la hausse du prix du carburant plus important. L’Insee pointe aussi les dépenses en fioul domestique, qui concernent surtout les territoires ruraux. Un constat similaire est dressé pour les ménages modestes : même s’ils bénéficient, en moyenne, de la réforme des cotisations sociales, la hausse du coût de l’énergie les pénalise plus fortement, car ces dépenses immobilisent une large partie de leurs revenus.