La Banque de France a abaissé lundi à 0,3% sa prévision de croissance économique pour la France au premier trimestre, dans un contexte de fort ralentissement de l'activité au niveau international et européen.

Ce chiffre est en baisse de 0,1 point par rapport à une première estimation publiée le 11 février. Il est également inférieur à la prévision de l'Insee, qui anticipe 0,4% de croissance sur les trois premiers mois de l'année.

Selon la banque centrale, qui se base sur son enquête mensuelle de conjoncture auprès des chefs d'entreprise, la dégradation des perspectives trimestrielles intervient malgré une progression de l'activité au cours du mois de février. Par rapport à janvier, la production industrielle a ainsi rebondi le mois dernier, notamment dans les produits informatiques, la chimie et les machines et équipements.

D'après les chefs d'entreprise interrogés, « l'activité continuerait de croître au même rythme en mars », souligne la Banque de France, qui fait état de carnets de commande qui « se stabilisent ». L'activité a également accéléré dans le secteur des services, portée par le transport et les activités de conseil, tandis que la progression est restée « dynamique » dans le secteur du bâtiment. Dans ces deux secteurs, les responsables d'entreprise interrogés prévoient une poursuite de la croissance de l'activité en mars, sur fond de prix qui augmentent légèrement, d'après la banque centrale.

Sur fond de tensions commerciales avec les Etats-Unis

La nouvelle prévision trimestrielle de la Banque de France intervient dans un contexte de ralentissement généralisé de l'activité en Europe et dans le monde, et à un moment de tensions commerciales avec les Etats-Unis. Jeudi dernier, la Banque centrale a ainsi fortement revu à la baisse sa prévision de croissance économique pour la zone euro en 2019, à 1,1% au lieu des 1,7% précédemment anticipés.

Cette situation devrait pousser la Banque de France, qui pariait jusqu'à présent sur 1,5% de croissance pour l'Hexagone, à assombrir son pronostic économique pour 2019 dans le cadre de ses prévisions pluriannuelles qui seront publiées jeudi. Le révision sera « limitée », a toutefois prévenu vendredi le gouverneur de la Banque de France, François Villeroy de Galhau, selon qui la croissance française est « plus résiliente » que celle de ses partenaires européens.

« Beaucoup de pouvoir d'achat » grâce aux mesures d'urgence

La première raison, « c'est qu'elle est moins exposée au commerce international que l'Allemagne et l'Italie ». La seconde, « c'est qu'il y a beaucoup de pouvoir d'achat aujourd'hui dans l'économie française », a détaillé le gouverneur. Une situation liée selon lui aux « mesures d'urgence » décidées face au mouvement des gilets jaunes, mais aussi aux « augmentations salariales » et à l'« effet différé des créations d'emplois fortes des trois dernières dernières années ».

Selon l'OCDE, la croissance devrait plafonner à 1,3% cette année en France, un rythme néanmoins largement supérieur à celui attendu en Allemagne (0,7%) et en Italie (-0,2%). Dans son projet de budget pour 2019, présenté en septembre, le gouvernement avait prévu une croissance de 1,7% cette année. Selon Bercy, ce chiffre sera revu à la baisse lors de la présentation du programme de stabilité budgétaire, en avril.