Pour faire des économies, le gouvernement compte s'attaquer au système d'indemnisation des salaires des cadres, le plus généreux de l'Union européenne. Le plafond, fixé à 7 700 bruts par mois, pourrait être raboté.

L’indemnisation des hauts revenus est dans le viseur du gouvernement. Après l'échec des négociations entre partenaires sociaux sur la réforme de l'assurance chômage la semaine dernière, l'Etat a repris la main.

L’objectif est de réduire les dépenses de l’Unedic d'un milliard d’euros par an, alors que la dette de l’assurance chômage atteint les 35 milliards d’euros. Plusieurs pistes sont sur la table, et notamment celle des salaires les plus élevés. Le Premier ministre a fait savoir mardi qu'il fallait « revoir notre système qui permet d'obtenir des niveaux d'indemnisation, pour des salaires élevés, trois fois supérieurs à ce qui se passe chez nos voisins ».

En France, 1 000 allocataires, soit 0,05% des bénéficiaires, touchent 7 700 euros bruts par mois, soit le maximum aujourd’hui autorisé. Un plafond fixé à 4 087 euros chez nos voisins allemands, à 1 702 euros en Belgique ou encore à 1 314 euros en Italie. Et notre système d’indemnisation non-dégressif est également plus élevé dans l’Hexagone : de 4 à 36 mois chez nous, contre 6 à 24 mois en Allemagne, par exemple. « Plus on est indemnisé, plus longtemps on reste au chômage », estime d’ailleurs Muriel Pénicaud.

Selon des chiffres publiés ce mercredi par Les Echos, « la durée moyenne d’indemnisation est de 419 jours pour les personnes qui perçoivent entre 2.000 et 3.000 euros d’allocation, et de 575 jours au-delà de 5.000 euros. Soit 156 jours de plus ! ». « Le taux de retour à l’emploi du dernier quartile d’allocation augmente très fortement à l’approche de la fin des droits, alors qu’il n’augmente que modérément pour le premier », abonde l’entourage de la ministre du Travail.

Des décisions seront prises « au printemps » a fait savoir Edouard Philippe, avant la publication d'un décret « pendant l'été ». Deux idées émergent : soit une dégressivité des allocations pour les très hauts revenus, soit un rabotage du plafond, par exemple à 3 fois celui de la Sécurité sociale, contre 4 aujourd’hui. Le maximum passerait alors à 5 775 euros par mois, avec 137 millions d’euros d’économies à la clef. Du côté de certains syndicats, on fait valoir que le haut niveau d'indemnisation va de pair avec le montant important des cotisations chômage versées par les employeurs, 4% du salaire brut, un record en Europe.