L'idée émise par le Premier ministre de demander des « contreparties » au versement d'aides sociales a fait vivement réagir mardi à l'Assemblée nationale, jusqu'au sein de la majorité.

En déplacement vendredi dans le Finistère, Edouard Philippe s'est dit favorable à la mise en place de « contreparties » aux aides sociales en France. Un sujet qu'il a qualifié lui-même d'« explosif ».

« Nous voulons savoir si le Premier ministre parle en son nom ou si c'est une question que le gouvernement se pose, notamment dans la réforme de l'assurance chômage ou de l'allocation universelle d'activité qu'il envisage », a demandé lors d'un point presse Boris Vallaud, porte-parole du groupe PS. Et d'ajouter : « Pour nous, les minima sociaux sont déjà une contrepartie aux injustices de la vie ».

Selon les députés communistes également, c'est « une nouvelle mauvaise idée du Premier ministre », dans « la logique du bon point, du su-sucre », ce qui est « méprisant à l'égard de celles et ceux dans la difficulté ». « Si peu de contreparties sont exigées des plus puissants », a aussi estimé leur porte-parole Pierre Dharréville.

« Division inutile entre les Français »

Les propos d'Edouard Philippe ont suscité des réticences jusque dans les rangs de la majorité. La présidente de la commission des Affaires sociales, Brigitte Bourguignon (LREM), a dès ce week-end appelé à « arrêt(er)de stigmatiser nos concitoyens les plus fragiles en reprenant les propositions de Laurent Wauquiez et des tenants du « cancer de l'assistanat » », ce qui « ajoute de la division inutile entre les Français ». La députée « marcheuse » Olga Givernet s'était dite dès vendredi « certaine qu'il s'agit là d'une maladresse » de la part du chef du gouvernement.

Porte-parole des députés MoDem, Isabelle Florennes a jugé mardi que « sur tous ces sujets qui font débat, il faut toujours faire attention à ne pas stigmatiser ». « Une partie de la population au RSA n'a pas choisi cette situation », a-t-elle souligné devant la presse.

Pour sa part, Jean-Christophe Lagarde (UDI-Agir) a considéré qu'il y a un « débat débile depuis vingt ans entre la droite et la gauche sur ce sujet ». A ses yeux, « contrairement à ce que l'on dit, l'obligation d'avoir une activité du fait qu'on est indemnisé, ce n'est pas une punition ou une compensation mais un instrument de réinsertion ».

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