140 000 skieurs, surfeurs et autres lugeurs se blessent chaque année en dévalant les pistes enneigées. Dangereux pour les chevilles, les sports d’hiver sont aussi périlleux pour les porte-monnaies, et pas seulement à cause du forfait ou de l'équipement. En cas d’accident, sans assurance adaptée, les frais médicaux, le rapatriement ou encore le coût du remboursement du matériel atteignent des sommets.

Les vacances d’hiver arrivent à grand pas. Elles débuteront dès le 8 février prochain pour la zone C (Créteil, Montpellier, Paris, Toulouse et Versailles) pour s’achever le 9 mars avec les élèves des académies de Besançon, Bordeaux, Clermont-Ferrand, Dijon, Grenoble, Limoges, Lyon, Poitiers. L’occasion pour certains de prendre quelques jours de congés pour aller skier en famille. Mais ce sport n’est pas sans risque pour les articulations… Selon l’association des Médecins de Montagne, la saison dernière, plus de 143 000 personnes sont revenues blessées de leur séjour au ski, soit près de 3 accidentés pour 1 000 journées de glisse. Même si les blessures sont pour l’essentiel sans gravité – pour un quart il s’agit d’entorses du genou –, elles peuvent vite coûter cher. Car, entre les frais de secours, les frais médicaux ou le remboursement du matériel endommagé, la facture grimpe rapidement.

« Je déconseille de souscrire des assurances au compte-gouttes »

Surfant sur cette peur, les domaines proposent fréquemment des assurances « sports d’hiver » lors de l’achat du forfait de remontées mécaniques. Bons plans pour les stations, ces assurances le sont souvent nettement moins pour les skieurs. Ces produits renchérissent parfois de plusieurs dizaines d’euros le prix du forfait. Les assurances ski sont facturées, par personne, entre une dizaine d’euros et plus de 50 euros la semaine en fonction des garanties incluses. Toutes couvrent la responsabilité civile, les frais de recherche et de secours, les frais médicaux, les dégâts matériel ou encore le rapatriement. Mais certaines excluent, par exemple, la prise en charge hors-piste ou l'assortissent de conditions particulières.

Un rapport coût-bénéfice peu intéressant que rappelle chaque année Fluo, une start-up qui propose d’optimiser les contrats d’assurance. « Je déconseille de souscrire des assurances au compte-gouttes : louer ses skis et prendre l'assurance proposée avec, louer son logement et payer la garantie annulation... ce sont toutes ces garanties achetées séparément qui reviennent au final très cher », souligne ainsi Jehan De Castet, fondateur de Fluo. Des assurances onéreuses qui font, qui plus est, parfois doublon.

Gold et Premier : cartes premium et sports d’hiver font bon ménage

« Les porteurs d'une carte premium n'ont absolument pas besoin de renforcer leur couverture »

En effet, les cartes bancaires recèlent d’assurances et de services d’assistance. En séjour au ski, certaines gammes de carte sont particulièrement protectrices et intègrent des garanties très importantes comme la responsabilité civile. « Les cartes premium du type Visa Premier ou Gold Mastercard sont très complètes puisqu'elles couvrent à la fois les dommages corporels liés à la responsabilité civile, les annulations, les frais médicaux, la location du matériel... », détaille Jehan De Castet. Pour rappel, la responsabilité civile est l’assurance qui, lorsque vous causez des dommages à autrui, – ce qui peut arriver lorsque l’on dévale une piste noire avec un peu trop d’entrain – prend en charge à votre place le coût des soins et des réparations.

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Autre atout des cartes, les franchises selon le porte-parole de Fluo : « Les franchises appliquées sont rarement abusives. Sur les frais médicaux, la franchise est de l'ordre de 30 euros. En cas de détérioration du matériel loué, le plafond de couverture est de l'ordre de 800 euros, et les banques demandent en principe à ce que 20% du prix du matériel soit payé par l'assuré. »

Ce niveau élevé de couverture concerne tous les porteurs de carte Premier/Gold, avec toutefois quelques subtilités selon les banques. Ainsi, d’après le comparatif de Fluo, les détenteurs d’une carte haut de gamme chez LCL, au Crédit Agricole, chez BforBank et Fortuneo ou encore au Crédit Mutuel sont couverts en cas d'accident en hors-piste (dans le domaine skiable), à condition d’être accompagnés d’un moniteur ou d’un guide diplômé. Cette restriction n’est pas précisée dans les conditions générales de BNP Paribas, de Boursorama ou encore du CIC.

Des couvertures supérieures avec une carte black

Si vous avez une Visa Infinite ou une World Elite Mastercard, vous bénéficiez d’assurances supplémentaires, comme la garantie « manque de neige », présente dans la Visa Infinite de LCL. Elle se déclenche si au moins la moitié des remontées mécaniques ou des pistes sont fermées, ou en cas d’impossibilité d’accéder à la station par manque de poudreuse. Le plafond de l’indemnisation est alors de 150 euros par assuré et par jour, avec un maximum de 1 500 euros par an.

Un séjour au ski payé par carte : une condition qui s’assouplit

Évidemment, comme toute assurance, il y a des conditions à respecter pour faire jouer les garanties. L’une d’entre elles, et la plus connue, est la condition de paiement. « Certains établissements demandent que l'intégralité du séjour soit réglée avec la carte », rappelle la directrice métier et commerciale du comparateur d’assurances, ce qui n’est pas sans poser quelques problèmes aux vacanciers. Certains profitent en effet des séjours à la montagne pour utiliser leurs chèques vacances. S’ils sont dans une banque qui impose le règlement total, ils ne seront pas indemnisés. D’après l’outil de comparaison de Fluo, c’est le cas des Visa Premier de LCL et de BNP Paribas.

« De plus en plus de banques passent au paiement partiel »

Mais bonne nouvelle d’après Fluo : « La tendance est plutôt en faveur du porteur de carte, puisque l'on constate que de plus en plus de banques passent au paiement partiel ». D’après le comparatif de la start-up, la Société Générale et sa banque en ligne Boursorama, le Crédit Agricole, BforBank, le CIC, BPCE ou encore HSBC retiennent la condition de paiement partiel.

Si les vacanciers respectent la condition de paiement (partiel ou intégral selon les enseignes), les détenteurs d’une carte haut de gamme peuvent partir l’esprit tranquille. Ces derniers « n'ont absolument pas besoin de renforcer leur couverture avec quelque assurance que ce soit, ni avec l'assurance vendue avec le forfait de ski ni en souscrivant un complément auprès de son assureur », insiste le patron de Fluo. Le seul cas où détenir une carte haut de gamme n’est pas suffisant, c’est si le skieur comptait sur elle pour couvrir une personne qui n’est ni son conjoint ni ses enfants. Les amis, les cousins et autres compagnons de voyage ne sont pas assurés.

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Des compléments ponctuels pour les assurés moins couverts

« L’assurance habitation intègre de plus en plus fréquemment des couvertures d’assistance »

Les Visa Premier et Gold Mastercard conviennent donc parfaitement aux séjours à la montagne. Mais ce ne sont pas les cartes bancaires les plus répandues. La majorité des clients bancaires disposent d’une carte standard, Visa Classic ou Mastercard classique. Et ces cartes sont nettement moins protectrices : elles prennent le plus souvent en charge uniquement les frais de secours sur piste. Par conséquent, pour les personnes ayant une carte classique, anticiper en adaptant leur niveau de couverture peut s’avérer judicieux.

Toutefois, avant de souscrire à une nouvelle assurance, les skieurs, surfeurs et autres lugeurs doivent faire le point sur leurs contrats existants. Car en effet, il est notamment possible que leur assurance habitation, en sus de l’habituelle responsabilité civile, prévoit aussi des clauses d’assistance à la montagne. « Cela reste des couvertures d’assistance, c’est-à-dire concernant les frais médicaux, l’assistance rapatriement ou la recherche en montagne », nuance Jehan De Castet.

Si les vacanciers veulent accroître leur niveau de protection, assurer le matériel loué ou être en partie remboursé en cas d'annulation, il leur conseille de prendre une assurance sports d’hiver. Mais pas celle vendue en station de ski. Mieux vaut se tourner en premier lieu vers son assureur. « Etant donné le prix d'un séjour à la montagne et du risque important des dégâts matériels et corporels, je préconise aux porteurs d'une carte classique d'intégrer ponctuellement à leur contrat d'habitation ou leur formule packagée une couverture sports d'hiver. Un nombre croissant d'offres se lancent, à un tarif abordable, de 2 à 3 euros la journée », conclut Jehan De Castet.

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