De plus en plus nombreux, les travailleurs non salariés (professions libérales, commerçants, artisans, travailleurs freelance, micro-entrepreneurs, etc.) se caractérisent par des écarts de revenus d'activité beaucoup plus importants que les salariés traditionnels. Du médecin au chauffeur VTC, le point sur les chiffres.

2,8 millions : c’est le nombre de Français qui exercent une activité non salarié, hors secteur agricole. L’Insee vient de mettre à jour, avec des chiffres 2016 (1), ses statistiques sur les revenus d'activité (2) de ces travailleurs d’un genre particulier, dont le nombre continue d’augmenter, mais moins rapidement que par le passé : +0,3% entre 2015 et 2016, contre +5% en moyenne entre 2010 et 2013.

Alors, combien gagnent-ils ? 3 440 euros par mois, répond l’Insee. Un chiffre moyen qui ne veut pas dire grand chose, tant les disparités de revenus sont marquées parmi eux. En voici quelques exemples, de haut en bas de l’échelle de rémunération.

Médecin et dentiste : 8 620 euros par mois

Ce sont les mieux rémunérés, sans surprise, parmi les non salariés : les 171 000 médecins et dentistes gagnaient en moyenne 8 620 euros par mois en 2016. Deux professions qui figurent parmi celles où les revenus sont les plus homogènes d’un professionnel à l’autre, avec un rapport de 2,7 seulement entre le quart le mieux payé, et le quart le plus faiblement rémunéré. Les professions paramédicales (infirmier, kinésithérapeute, orthoptiste, prothésiste, etc.) affichent, elles, des revenus mensuels proches de la moyenne : 3 520 euros par mois.

Avocat : 8 060 euros

Les avocats et les experts comptables sont les seuls à rivaliser avec les médecins : 8 060 euros par mois. Ce sont ainsi les mieux rémunérés, en moyenne, parmi les professionnels du service aux entreprises et aux particuliers. Les conseillers financiers et les assureurs génèrent, eux, 5 750 euros de revenus par mois, les architectes 3 450 euros.

Un tiers de revenus en moins pour les femmes

Proportionnellement moins nombreuses parmi les non salariés (37%, contre 42% chez les salariés du privé), de plus en plus de femmes décident de choisir cette voie. Leur part augmente notamment parmi les professions les plus qualifiées : médecine, droit, architecture, etc. A secteur égal, leurs revenus - 2 900 euros par mois en moyenne - sont toutefois inférieurs d’un tiers à ceux des hommes. « Une partie de l’écart s’expliquerait par un volume de travail moins important », commente l’Insee. « Elles sont aussi plus jeunes et dirigent en moyenne des entreprises plus petites ».

Commerçant : 2 560 euros

2 560 euros par mois : c’est le revenu moyen d’un commerçant en France en 2016. Il existe toutefois de fortes disparités au sein de la profession. Les pharmaciens approchent des 7 000 par mois (6 990 euros précisément), bien qu’ils fassent partie des rares professions non salariés à voir leurs revenus baisser (-3,4% par rapport à 2015). Les garagistes se contentent, eux, de 2 270 euros, et les boulangers, charcutiers et autres métiers de bouche, de 2 310 euros.

Taxi et VTC : 1 370 euros

C’est, avec le commerce de détail hors magasin et l’auto-entreprise, la profession la moins rémunératrice parmi les travailleurs indépendants. Les taxis et les conducteurs de VTC (véhicules de tourisme avec chauffeur) ne génèrent en moyenne que 1 370 euros de revenus par mois. Un niveau de rémunération plutôt homogène : les revenus des 25% les mieux payés ne sont en effet que 2,4 fois supérieurs à ceux du quart le plus modeste.

Auto-entrepreneur : 450 euros

Près d’un tiers des non-salariés hors secteur agricole, soit un peu plus de 850 000 personnes : les auto (ou micro) entrepreneurs fournissent le gros des troupes. Malgré le durcissement de l’accès au statut, leur nombre continue de progresser rapidement (+7,7% en 2016). Un indice, sans doute, des métamorphoses à l’œuvre actuellement sur le marché du travail. Les micro-entrepreneurs sont aussi , et de loin, les moins bien payés : 450 euros par mois en moyenne, « soit près de huit fois moins que les non-salariés classiques », note l’Insee. Un sur quatre gagne même moins de 80 euros, la moitié moins de 260 euros et seulement un sur dix plus de 1 190 euros. Ces faibles revenus, rappelle l’Insee, sont liés « à la nature du régime qui impose des plafonds sur le chiffre d’affaires » : « Il s’agit éventuellement d’une activité d’appoint, trois micro-entrepreneurs sur dix occupant également un emploi salarié ».

(1) Insee Première n°1732, janvier 2019, « Les revenus d’activité des non-salariés en 2016 ».

(2) Rémunération issue de l’activité non salariée, déduction faite des cotisations sociales payées dans l’année mais pas des contributions sociales (CSG, CRDS). Le revenu d'activité est calculé à partir du revenu professionnel imposable auquel sont réintégrés certains allègements fiscaux et cotisations sociales facultatives. En cas d’exercice déficitaire, le revenu est considéré comme nul.