Confrontée à un brutal ralentissement commercial avec la fin de l'engouement pour les cryptomonnaies, la jeune pousse française Ledger vise désormais des marchés professionnels liés à la blockchain.

Ledger commercialise des petits appareils permettant aux particuliers de stocker de manière sécurisée la clef secrète que tout détenteur de cryptomonnaies doit utiliser pour accéder à ses actifs.

Cette entreprise lancée en 2014 avait vu son chiffre d'affaires exploser à 46 millions d'euros en 2017, portée par le succès mondial de ses appareils (98% de ses ventes se font à l'export). Mais son chiffre d'affaires a stagné au même niveau en 2018, alors que la chute des cours du bitcoin et des autres cryptomonnaies dissuadait les particuliers de se lancer dans l'aventure.

« Le sentiment autour du bitcoin a changé, il y a moins de nouveaux entrants », a expliqué Eric Larchevêque, le président de Ledger, qui compte aujourd'hui 200 salariés. Ledger tente donc de se trouver de nouveaux moteurs de croissance en visant des marchés liés aux professionnels.

La société commercialise depuis peu une solution permettant à des entreprises ou institutions - banques, fonds d'investissement...- de stocker de manière sécurisée leurs cryptomonnaies. « Une quarantaine de clients ont déjà signé », a indiqué Pascal Gauthier, le directeur général de Ledger. La société vise également les marchés liés aux objets connectés.

Ledger développe ainsi avec Engie des boîtiers capables de certifier les quantités d'électricité produites par les installations solaires, éoliennes ou hydrauliques sur la blockchain (la technologie informatique à la base du bitcoin et des cryptomonnaies).

« Rebattre les cartes face aux Gafa »

Les certificats prennent la forme de jetons (ou « tokens ») qui peuvent être ensuite vendus notamment aux fournisseurs d'électricité, toujours à la recherche d'énergie renouvelable. « D'ici 3-5 ans », cette nouvelle activité de Ledger liée à l'internet des objets devrait « représenter une part très importante » du chiffre d'affaires, a-t-il indiqué.

D'une manière générale, « nous espérons bien que la tokenisation de l'économie va permettre de rebattre les cartes face aux Gafa », les géants du numérique, en permettant l'émergence d'une économie plus décentralisée et moins dépendante de quelques grands acteurs mondiaux, a expliqué Pascal Gauthier.

Ledger s'apprête à rapatrier à Vierzon (Cher) sa production de ses petits appareils, qui ressemblent à des clefs USB mais sont équipés d'une technologie inspirée de celle de la carte à puce.

Le site, pour lequel Ledger a investi 8 millions d'euros, doit être livré au troisième trimestre 2019.