Lorsque vous commencez à vous intéresser à la bourse, il est difficile de passer à côté des trackers, ces fonds qui permettent d'obtenir les mêmes performances, positives ou négatives, que les indices de référence comme le CAC 40. Et pour cause, les gestionnaires d'actifs les mettent souvent en avant pour leurs frais réduits, leur performance et la diversification qu'ils offrent. Comment bien les sélectionner ? Eléments de réponse.

Quand il s'agit de s'adapter aux tendances des marchés, l'industrie financière regorge d'imagination. Depuis 10 ans dans l'Hexagone, un peu plus aux Etats-Unis, l'offre de trackers s'est étoffée afin de tirer partie de l'euphorie boursière. Car la particularité de ces véhicules d'investissement cotés en bourse - aussi appelés ETF pour Exchange-Traded Fund – est de répliquer les variations d'indices financiers. Pour faire simple, si la valorisation du CAC 40 augmente de 5%, celle du tracker augmente aussi de 5%. Un plus en termes de compréhension et de lisibilité pour les particuliers, et une aubaine quand les marchés sont en phase haussière, comme cela a été le cas les dernières années (à l'exception de 2018, voir encadré plus bas).

Accusant les contrecoups de la crise des subprimes de 2008, l'indice phare de la place parisienne était tombé à quelque 2 550 points en mars 2009. Sa cotation avoisine aujourd'hui les 4 600 points. Autrement dit, un boursicoteur ayant investi en 2009 sur un ETF répliquant le CAC 40 a obtenu 10 ans plus tard un rendement cumulé (hors dividendes) de... 80%. Cette performance des fonds indiciels n'a évidemment pas échappé aux analystes et gestionnaires d'actifs. « Sur les 10 dernières années, le taux de succès de la gestion active [qui, elle, tente de sur-performer un indice donnée, NDR] se situe aux alentours de 25%. Cela signifie qu'un quart seulement des fonds actifs ont survécu et surperformé leurs ETF de référence. En moyenne, les investisseurs sont donc gagnants à préférer la gestion passive », résume ainsi Mathieu Caquineau analyste Fonds chez Morningstar.

Les ETF considérés comme de la gestion passive

Par construction, l'ETF se contente de répliquer son indice. De fait, le gestionnaire n'intervient que peu dans le suivi de ce fonds. C'est pourquoi, les trackers sont désignés comme de la gestion passive, pour les distinguer des OPCVM qui nécessitent une gestion active de la part des sociétés qui les émettent.

Des trackers éligibles au PEA

« Les ETF présentent des frais de gestion en moyenne 4 à 5 fois plus faibles que la gestion active. »

Pour appuyer leur argumentaire, les professionnels mettent également en avant la faiblesse des frais de la gestion passive. « Les ETF présentent des frais de gestion en moyenne 4 à 5 fois plus faibles que la gestion active. Les fonds grand public d'actions européennes occasionnent en moyenne 1,6% de frais de gestion, contre 0,3% pour les ETF ayant le même périmètre », souligne Mathieu Caquineau. « En d'autres termes, la société de gestion active doit générer une performance d'au moins 1,6% pour compenser ses frais, contre 0,3% pour le gestionnaire passif », poursuit l'analyste. Toutefois cet argument est à relativiser... Les performances des produits - ETF comme OPCVM - étant communiquées aux épargnants nettes de frais de gestion.

Les fonds indiciels recèlent d'autres atouts, comme de permettre aux boursicoteurs de diversifier leur portefeuille avec un seul véhicule d'investissement ou d'obtenir les performances de titres étrangers sans devoir les acheter directement (et donc payer des frais de courtage onéreux). De plus, certains trackers, et ce même s'ils ne copient pas un indice composé de titres d'entreprises européennes, peuvent être logés dans un Plan épargne actions. Un argument mis en avant par Patrick Martin, un investisseur habitué des places boursières.

Cette éligibilité au PEA est permise par les trackers synthétiques. Car, en effet, bien que l'on parle souvent des trackers en général, il existe en fait plusieurs types d'ETF, deux grandes catégories principalement qui se distinguent par la manière dont ils copient leur indice de référence.

A voir sur cBanque : Quels seront les placements gagnants de 2019 ?

ETF physique ou synthétique : quelles différences ?

Les plus simples à comprendre sont les trackers physiques. Pour les constituer, l'émetteur achète l'ensemble des titres que composent l'indice visé. S'il veut répliquer les variations du CAC 40, le gérant acquiert les 40 actions des sociétés du CAC en respectant leur pondération dans l'indice français. En revanche, pour créer un ETF synthétique, le gestionnaire n'a pas besoin de détenir ces titres sous-jacents. Il passe un contrat avec une contrepartie - généralement une banque d'investissement - qui est chargée d'apporter au gestionnaire la même performance que l'indice visé. En échange, il fournit à sa contrepartie une rémunération, qu'il dégage en investissant sur des valeurs qui n'ont pas forcément à voir avec l'indice copié. C'est la raison pour laquelle un ETF synthétique répliquant par exemple le S&P500 américain peut s'avérer éligible au PEA.

Légèrement moins onéreux que les trackers physiques – à une décimale près – les ETF synthétiques ont pourtant, en pratique, un peu moins la cote auprès des épargnants. En cause, un risque spécifique inhérent à ces fonds. Les ETF synthétiques comportent « un risque de contrepartie qui survient si l'intermédiaire avec qui l'ETF a passé contrat n'est pas en mesure de fournir la performance de l'indice. C'est le cas s'il fait faillite par exemple », pointe l'analyste de Morningstar.

Investissez dans la Bourse au meilleur prix ! 7 offres comparées

Patrick Martin, notre investisseur témoin, a de son côté remarqué que les fonds indiciels synthétiques collaient un peu moins bien aux évolutions de l'indice qu'ils sont censés répliquer, alors que cela fait partie des principales qualités attendues d'un ETF. Pour dresser ce constat, il a comparé la tracking error de plusieurs trackers copiant le MSCI World Index, composé de plus de 1 500 valeurs, de sociétés de gestion différentes. La tracking error mesure les écarts moyens de performance entre un ETF et son indice. Pour faire simple, plus elle est élevée, moins l'ETF colle à son indice de référence. Ainsi, la tracking error des ETF synthétiques MSCI World d'Amundi et Ucits ETF MSCI World de Lyxor varie de 2,05% sur 1 an à 3,72% sur 5 ans, alors que, pour le tracker physique iShares Core MSCI World Ucits, la volatilité descend à 1,51% sur 1 an et à 0,83% sur 5 ans.

Le retournement des marchés répliqué par les trackers

Dans la lignée des marchés financiers, les ETF et les indices boursiers ne sortent pas indemnes de l'année 2018. En attestent par exemple les performances négatives des robo-advisors, qui misent quasi exclusivement sur des fonds indiciels.

Lire aussi : Les tops et flops du CAC 40 en 2018

Certains marchés moins propices à la réplication

Toutefois, avant de faire un choix entre deux trackers répliquant le même indice, l'investisseur doit évidemment au préalable réfléchir au marché sur lequel il veut investir. Tous ne se prêtent pas forcément à être répliqués. Ainsi, « sur le marché américain, les indices sont très difficiles à battre sur le long terme. Avec la gestion passive, on sait ce que l'on va obtenir la performance de l'indice et on ne prend pas le risque de sous-performance associé au gérant actif. Sur d'autres marchés en revanche, il y a davantage d'inefficience. Le taux de succès des gérants actifs a tendance à remonter. C'est le cas des marchés émergents caractérisés par un univers d'investissement très large, une importante diversité de pays, des devises plus volatiles et des cycles macro-économiques différents », détaille Mathieu Caquineau de Morningstar.

Ensuite, la sélection même de l'indice peut se révéler compliquée. Pour un même marché, il existe en effet une multitude d'indices. Aux Etats-Unis par exemple, les 4 principaux indices – Dow Jones Industrial Average, le MSCI USA, le MSCI USA Large Cap et le S&P 500 – cohabitent avec des dizaines d'indices secondaires combinant des titres de PME, de sociétés d'un même secteur d'activité, ou de valeurs que les financiers rapprochent compte tenu de leurs perspectives de rendement. Or, de ces différences découlent des performances très contrastées. « Entre un Lyxor DJ Global Titans 50 (catégorie actions Monde) qui a réalisé une bonne performance 2018 avec +0,11 % et un ETF Lyxor MSCI World UCITS ETF Monthly Hedged, aussi catégorie actions Monde, mais qui a réalisé une piètre performance de -9,56 %, on réalise le grand écart, auquel, par définition, les ETF ne nous avaient pas habitué », relève ainsi Patrick Martin.

La liquidité du tracker, un point d'attention majeur

Gare au « coût caché » des ETF

Les investisseurs doivent également prêter attention à la société émettrice du tracker - mieux vaut confier son argent aux grands noms du secteur à savoir Lyxor, Amundi, iShares, Easy ETF ou encore Ossiam –, ainsi qu'à la liquidité de l'ETF. En effet, un véhicule boursier, quel qu'il soit, s'échangeant peu présente ce que les gestionnaires appellent un risque de spread : son prix de vente peut baisser en comparaison de son prix d'achat. Un tracker présente un tel aléa.

« L'ETF étant coté en continu sur le marché, son prix d'achat peut s'éloigner de sa valeur liquidative. Généralement, le volume d'ordres fait que l'écart est très faible. Mais, parfois, lorsque l'ETF est peu liquide, un décalage important peut survenir, ce qui représente ce qu'on appelle un coût caché pour l'investisseur », explique Mathieu Caquineau. « Pour se prémunir de ce risque de liquidité, l'épargnant peut regarder le volume d'ordres passés et la différence entre les prix d'achat et de vente historiques. S'il note des décalages importants et récurrents, cela signifie que le fonds indiciel pourra effectivement présenter un coût caché à la vente », conseille l'analyste de Morningstar. De son côté, notre investisseur averti a pris l'habitude d'investir sur des fonds indiciels ayant une capitalisation d'au moins 100 millions d'euros.

4 conseils avant d'acheter un ETF

En résumé, avant de vous lancer dans l'achat d'un tracker, vous devez :

  1. Sélectionner le marché visé (secteur d'activité, zone géographique...) et choisir l'indice qui correspond le plus à ce périmètre.
  2. Vous interroger sur le support d'investissement dans lequel vous souhaitez loger votre ETF. Certains sont éligibles à l'assurance vie ou au PEA. D'autres seront accessibles exclusivement au travers d'un compte-titres. Ce faisant, vous devez prendre en compte, en plus des frais de gestion de l'ETF, les frais de courtage appliqués sur la place financière où le fonds indiciel est coté. Cette politique tarifaire plus ou moins avantageuse selon les courtiers peut vous inciter à ouvrir un compte chez un prestataire plus compétitif.
  3. Vérifier la taille de l'ETF (sa capitalisation), sa liquidité et la fiabilité de la société émettrice. Cela réduira le risque de voir disparaître votre ETF, par exemple si celui-ci est fusionné à un fonds plus important, et du risque de décote à la revente.
  4. Pour départager deux ETF d'un même indice, vous pouvez également vous référer à des indicateurs comme la tracking error qui mesure la corrélation entre un fonds et l'indice qu'il réplique. Autre différence possible : le traitement des dividendes. Certains trackers distribuent aux investisseurs les dividendes générés par les actions détenues. D'autres les capitalisent. Cela n'a toutefois qu'une légère influence sur l'intérêt financier d'un fonds indiciel.