Sans contact, biométriques et multifonctionnels : les distributeurs de billets de demain seront un vecteur à part entière de la relation entre le client et sa banque, selon les résultats d’une étude mondiale sur les automates bancaires. Ils pourraient même remplacer les agences.

On croyait l'automate bancaire sur la sellette avec le développement des paiements par carte et mobile. Il n’en serait rien. Le distributeur automatique de billets (DAB) va au contraire perdurer et monter en gamme. C’est du moins ce qu’il ressort du World Cash Report 2018 (1), une étude commanditée par ATM Marketplace - un média qui suit l’actualité du secteur - et repris le 10 janvier dernier par Auriga, un éditeur de logiciels bancaires présent en France.

Pour arriver à cette conclusion, le rapport rappelle que la monnaie sonnante et trébuchante reste dans de nombreux pays le moyen de paiement le plus répandu. « En Europe, 80% des transactions en magasins sont effectuées en argent liquide, alors qu’aux Etats-Unis, où les paiements par carte sont plus fréquents, le cash continue à être utilisé dans 31% des opérations », soulignent ainsi les commanditaires de l’étude.

Le passage au distributeur reste ancré dans les habitudes

En France, au regard de l’augmentation rapide du nombre de paiements par carte bancaire – le nombre de transactions annuelles est passé de 7,29 milliards en 2011 à 10,50 milliards en 2017 (+44%) selon le GIE Cartes bancaires –, on pourrait s’attendre à ce que le passage aux distributeurs soit beaucoup plus rare. Eh bien non ! Les Français ont effectué 1,49 milliard de retraits en 2011. Ils en ont fait encore 1,40 milliard en 2017, soit une baisse de seulement 6% du nombre d’opérations. Qui plus est, ce repli est en trompe-l’œil puisque les Français retirent davantage à chaque passage au distributeur : le retrais moyen est passé de 76 euros à près de 90 euros en 6 ans (+18%).

Au regard des résultats du sondage, les acteurs bancaires sont conscients de l’importance des distributeurs pour leurs clients. D'ailleurs, au niveau mondial, ils comptent davantage développer leurs réseaux d’automates que s’en délester. Concrètement, 65% des institutions financières déclarent vouloir augmenter le nombre de DAB. A l’inverse, seules 10% des banques vont supprimer des distributeurs de billets dans les prochaines années. Bien sûr, selon les régions du monde, la réalité peut être un peu plus nuancée. En France, la raréfaction des distributeurs dans les communes rurales a récemment fait l’objet d’un débat au Parlement… Hervé Maurey, sénateur centriste, pointant que la France a perdu 1 200 distributeurs entre 2015 et 2016.

Lire aussi : Pourquoi y a-t-il de plus en plus de fermetures d'agences ?

Le DAB du futur s’affranchit de la carte bancaire

Outre l’installation de nouveaux automates, les banques comptent également investir dans le parc existant. Objectifs : s’adapter à la concurrence (argument cité par 18% des sondés), sécuriser les distributeurs (12%) ou encore réduire les frais d’utilisation (10%). Mais la priorité pour 41% des banques interrogées est d’accroitre le nombre de services et de fonctionnalités proposés. De fait, dans les prochaines années, un tiers des sondés vont permettre à leurs clients de retirer de l’argent sans insérer leur carte bancaire dans l’automate.

Cette fonctionnalité n’est toutefois pas inédite puisque 41% des banques le permettent déjà, note le rapport. En France, la Caisse d’Epargne a lancé un tel service en 2016. Lorsqu’un client de l’enseigne n’a pas sa carte sur lui, qu’il se l’ait fait dérober ou qu’elle est en cours de renouvellement, il peut programmer un retrait depuis son application bancaire. Il reçoit alors par SMS un code à usage unique lui permettant de retirer le montant souhaité dans un distributeur Caisse d’Epargne.

Moins répandues à l'heure actuelle, les transactions sans contact sont aussi au menu des améliorations prochaines des DAB. 19% des enseignes proposent cette fonctionnalité et 31% des acteurs interrogés souhaitent l'intégrer à leur réseaux. Après le SMS, la technologie sans contact, l’authentification biométrique – citée par 29% des sondés - est la troisième priorité des banques.

Auriga 2018
Source : Auriga et World Cash Report

Ouvrir un compte depuis un distributeur

Mais l’automate bancaire du futur ne servira pas uniquement à retirer de l’argent, ni même à réaliser des opérations bancaires comme les dépôts de chèques et d’espèces. Certaines institutions financières projettent de le transformer en agence bancaire du futur. Pour preuve, 8% déclarent vouloir permettre d’initier des vidéo-conférences depuis les DAB. Et, 4% veulent que leurs clients puissent prendre rendez-vous avec un conseiller bancaire.

De plus, 6% des établissements sondés ambitionnent qu’au DAB il soit possible de souscrire à des produits bancaires, comme par exemple permettre à des non-clients d’ouvrir un compte dans l’établissement. Est-ce imaginable dans l’Hexagone ? La réponse est plutôt oui. La néobanque Anytime s’est bien associée à Photomaton pour transformer les cabines photographiques en mini-agences bancaires !

(1) « 2018 ATM and self-service software trends », sondage réalisé et publié par ATM Marketplace auprès de 470 membres de l’industrie bancaire. Il est sponsorisé par KAL ATM Software, l’un des leaders mondiaux des logiciels pour automates bancaires.