La mise en place du prélèvement à la source se déroule « sans aucun bug », s'est félicité lundi sur RTL Gérald Darmanin, le ministre de l'Action et des Comptes publics, en dépit des mises en garde syndicales sur une « situation explosive ».

« C'est une réforme de justice sociale, de simplification », a une nouvelle fois défendu le ministre. « Ca se déroule comme prévu, il faut rester humble. D'une manière ou d'une autre, 19,5 millions de Français ont été prélevés à la source depuis le 2 janvier sur les 38 millions de foyers fiscaux, dont la moitié ne sont pas des contribuables à l'impôt sur le revenu ».

Quelque « 70 000 entreprises payent leurs salariés en décalé dont ils ont été prélevés sans aucun bug. Il y aura évidemment des questions, des interrogations. Nous envoyons au milieu du mois à chacun des collecteurs le nouveau taux. C'est fait de manière automatisée car votre vie change indépendamment de votre situation. Avant il fallait un an pour être remboursé, désormais ce sera sous deux mois », a-t-il ajouté. Après trois ans de préparation, d'inquiétudes et d'hésitations, le prélèvement à la source est devenu une réalité au 1er janvier.

Une situation « explosive » selon Solidaires Finances Publiques

« La réalité est toute autre » sur le terrain, où « l'ensemble des services d'accueil (...) n'ont pu faire face aux demandes » des contribuables, a réagi dans un communiqué Solidaires Finances Publiques, principal syndicat de la Direction générales des finances publiques (DGFiP). Ce dernier a alerté le ministère, dans une lettre, concernant « la situation dégradée dans laquelle se trouvent les agents de la DGFiP », dénonçant une situation « inacceptable » et « explosive ». « Les services ont été surchargés dès le 2 janvier, il y a donc tout lieu de croire qu'à la fin du mois ils le seront encore plus. »

Le ministre exclut le retour de l'ISF

Le ministre des Comptes publics a en revanche réitéré son refus de revenir à l'impôt de solidarité sur la fortune (ISF) : « Il ne faut pas changer de cap tous les ans, quand on est à bord du navire France. L'ISF n'est pas une mesure de justice fiscale, c'est une mesure contre l'emploi. C'est une arme qui donne du chômage », a-t-il assuré. « A Tourcoing, ma ville connaît toujours 20% de chômage ces 15 dernières années alors que manifestement en Belgique, la richesse s'est créée et le capital y est allé », a-t-il encore comparé à titre d'exemple.

En revanche, Gérald Darmanin s'est montré plutôt favorable à ce que les Français ayant « de gros revenus et de grosses habitations » continuent de s'acquitter du versement de la taxe d'habitation. « Peut-être qu'on pourrait effectivement imaginer que ce ne serait pas juste de les exclure », a-t-il conclu.