Les taux d'intérêt que fixe la Banque centrale européenne pour l'économie de la zone euro resteront bas « encore longtemps », a déclaré vendredi Benoît Coeuré, membre du directoire de l'institution, s'inquiétant notamment du fait que « la machine à fabriquer des crises est toujours là ».

Les taux d'intérêt directeurs de la Banque centrale européenne (BCE) « vont rester au niveau actuel, c'est-à-dire à zéro et même en dessous de zéro, jusqu'après l'été de 2019 au moins et aussi longtemps qu'il faudra pour que l'inflation revienne vers 2% », a déclaré Benoît Coeuré lors d'un entretien sur France Inter. « Et donc les taux d'intérêt vont rester bas pendant encore longtemps. »

Mi-décembre, la BCE avait opéré un tournant historique en entérinant l'abandon de son vaste programme de rachat de dettes de 2.600 milliards d'euros, lancé en 2015 pour soutenir l'activité et les prix qui dévissaient. Le conseil des gouverneurs de l'institution monétaire avait toutefois maintenu ses taux directeurs à leur plus bas niveau historique et précisé que ces derniers resteraient immobiles « au moins » jusqu'à l'été 2019.

Interrogé sur l'état de la conjoncture internationale et des marchés financiers, Benoît Coeuré a souligné que « la croissance mondiale reste forte ». Pour autant, « c'est vrai qu'il y a un ralentissement » à cause notamment d'inquiétudes soulevées par les menaces de guerre commerciales, a-t-il ajouté, estimant qu'« il y a toujours un risque de crise financière » et appelant à « être très vigilant là dessus ».

Secteur bancaire : « Les mauvaises habitudes reviennent »

« La machine à fabriquer de la crise est toujours là, il y aura à nouveau des crises financières, on n'est pas allé au bout de ce qu'on peut faire en matière de régulation de la finance », a poursuivi Benoît Coeuré, citant notamment le cas de la finance parallèle ou « shadow banking » mais pas seulement.

« Aussi la régulation des banques. On est même peut-être en train de revenir en arrière, la crise financière étant loin, les mauvaises habitudes reviennent, les lobbies reprennent du poil de la bête, et donc il y a tout un mouvement pour à nouveau déréguler la finance, il faut vraiment y résister », a martelé le banquier central.