Les centres d'appels mis en place pour répondre aux questions sur la réforme du prélèvement à la source restaient surchargés jeudi, malgré le déploiement de 200 agents supplémentaires annoncé dans la matinée par le ministre des Comptes publics Gérald Darmanin.

Selon Bercy, quelque 90 000 appels avaient été reçus jeudi en début d'après-midi sur la ligne non surtaxée (0 809 401 401) mise en place en complément du site internet impots.gouv.fr et des fonctionnaires mobilisés dans les agences des finances publiques. C'est légèrement moins que mercredi, où 130 000 appels avaient été reçus à la même heure et 150 000 sur l'ensemble de la journée, selon le ministère. Ce dernier fait état d'une « diminution progressive » des appels depuis le pic d'affluence enregistré au premier jour de la réforme.

En raison de ces fortes sollicitations, le ministre des Comptes publics Gérald Darmanin a annoncé jeudi le déploiement de 200 agents supplémentaires, portant à 900 le nombre de personnes mobilisées dans les 14 centres d'appels sur le prélèvement. « Nous avons eu effectivement un peu plus de personnes (...) que nous ne pouvions répondre au téléphone », a reconnu le ministre lors d'une conférence de presse. Mais « les choses fonctionnent »: « la fusée de l'impôt à la source est bien partie et est partie bien droite », a-t-il déclaré.

Malgré la mobilisation de ces 200 agents supplémentaires, le numéro consacré au prélèvement à la source restait fortement saturée jeudi après-midi. « Tous nos agents sont actuellement en communication », assurait ainsi la ligne téléphonique, sollicitée à de nombreuses reprises par des journalistes de l'AFP. Au total, 40 000 agents ont été formés pour répondre aux sollicitations du public. Parallèlement aux appels téléphoniques, 280 000 connexions liées au prélèvement à la source ont été enregistrées mercredi sur le site des impôts, et 100 000 personnes se sont déplacées dans les centres des finances publiques.

« Aucun bug » n'est à déplorer pour le moment

La réforme du prélèvement à la source, entrée en vigueur le 1er janvier, après trois années d'intenses préparations, prévoit que l'impôt soit collecté directement sur les salaires ou pensions et non plus un an après comme c'était jusqu'à présent le cas. Elle offre la possibilité aux contribuables qui le souhaitent de modifier leur taux d'imposition pour l'adapter à leurs variations de revenus – ce que 57 000 d'entre eux ont souhaité faire dès mercredi, expliquant en partie la forte affluence dans les trésors publics, sur internet ou bien par téléphone.

Pour une grande partie des Français, le changement du mode de prélèvement ne sera visible qu'à la fin du mois, lors de la réception des bulletins de paie. Mais selon Bercy, la réforme est d'ores et déjà entrée en vigueur pour 19 millions de contribuables, notamment les retraités. Quelque 15 millions de retraites complémentaires comprenant la retenue à la source ont ainsi été versées mercredi, mais aussi 722 000 pensions d'invalidité. Environ 2,2 millions de chômeurs ont également été indemnisés dès mercredi avec ce nouveau mode de prélèvement. Cela s'est fait « sans aucun bug », c'est-à-dire « sans que le taux de Jean-Paul soit appliqué à Jean-Pierre », a assuré Gérald Darmanin.