Après avoir accusé certaines mutuelles de « saboter » le « reste à charge zéro », la ministre de la Santé, Agnès Buzyn, a rappelé mardi aux complémentaires santé leurs « engagements », en particulier celui de ne pas utiliser cette réforme pour justifier des hausses de prix.

Promesse de campagne d'Emmanuel Macron, le remboursement intégral de certaines lunettes, prothèses dentaires et audioprothèses doit entrer en vigueur par étapes entre 2019 et 2021. « En aucun cas (cette) réforme ne peut impacter l'année prochaine le coût des complémentaires et donc les tarifs », a déclaré Agnès Buzyn à l'issue d'une réunion avec les fédérations des assureurs, des mutuelles et des institutions de prévoyance.

La ministre avait dénoncé la semaine dernière un « sabotage politique », car certaines complémentaires ont présenté à leurs assurés les hausses de prix prévues en 2019 comme une conséquence du « reste à charge zéro ». « Ils n'ont aucune raison de le faire et tout le monde est d'accord là-dessus », a-t-elle affirmé, ajoutant qu'un « rappel à l'ordre va être évidemment émis par les organismes complémentaires ». Agnès Buzyn leur a aussi « demandé de rappeler les engagements qu'ils avaient pris vis-à-vis des Français », rappelant que la réforme « représente au total 0,14% de leur chiffre d'affaires », contre 20% pour leurs frais de gestion, « sur lesquels ils peuvent faire un effort d'efficience ».

Une demande de modération des tarifs

Les mêmes fédérations de complémentaires santé, ainsi qu'une vingtaine de patrons de grands groupes du secteur étaient reçues mardi après-midi à l'Elysée par le président de la République, en présence de la ministre de la Santé et de celui de l'Economie, Bruno Le Maire. Le chef de l'Etat devait leur demander de modérer leurs tarifs, comme il l'a fait la semaine dernière avec les banques, dans le cadre des gestes destinés à apaiser les « gilets jaunes ».

« Il va leur parler du besoin des Français de retrouver du pouvoir d'achat et de la nécessité de travailler sur les dépenses contraintes », a indiqué Agnès Buzyn, soulignant que les « complémentaires font partie des dépenses contraintes ».