Dans la famille de l’épargne réglementée, Le livret de développement durable et solidaire (LDDS) vit dans l’ombre de son aîné, le Livret A. Il en possède pourtant la plupart des avantages, sans certain de ses inconvénients.

200 ans d’existence pour le premier, 35 pour le second ; 280,6 milliards d’euros d’encours pour l’un, 105,6 milliards pour l’autre : le Livret de développement durable et solidaire (LDDS) vit dans l’ombre de son aîné, le Livret A, avec qui il partage de nombreuses caractéristiques : la rémunération (0,75% actuellement), l’exonération de prélèvements sociaux et fiscaux, l’absence de risques, la totale disponibilité des fonds, etc. Trop de points communs, sans doute, pour exister en tant que tel.

Longtemps pourtant, le Codevi (Compte pour le développement industriel), ancêtre du LDDS né en 1983, a fait valoir ses spécificités. Sa présence, d’abord, au catalogue de toutes les banques, quand le Livret A était cantonné à la Caisse d’Epargne, au Crédit Mutuel et à la Banque Postale ; son fléchage clair, ensuite, vers le financement des petites et moyennes entreprises.

Mais au fil des années, et tout particulièrement depuis 2009, lorsque la distribution du Livret A a été généralisée, cette identité s’est brouillée. Résultat : le LDDS est devenu pour beaucoup une simple extension, un levier qu’on active uniquement quand son Livret A est arrivé au plafond. Pourtant, il peut être malin de réfléchir à deux fois avant de préférer le second au premier.

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Des contrôles anti-doublon pour le Livret A

Il y a encore quelques années, il y avait en France presqu’autant de Livrets A ouverts que d’habitants : en 2011, le taux d’équipement a ainsi atteint 94,3% de la population. Une anomalie : en effet, si le Livret A est le produit d’épargne populaire par excellence, accessible à tous et à tous les âges, ce chiffre reflétait l’existence de nombreuses situations de multi-détention. Or, selon le code monétaire et financier, « une même personne ne peut être titulaire que d’un seul Livret A ». Souvent de bonne foi - parfois non - de nombreux Français possédaient donc plusieurs Livrets A.

Pour y remédier, les pouvoirs publics ont mis en place début 2013 un contrôle anti-doublons préalable à l’ouverture d’un nouveau Livret A. Un dispositif efficace - le taux d’équipement est retombé à 82% en 2017 - mais qui a alourdi la procédure. Chaque nouvelle ouverture donne lieu à l'interrogation du fichier des comptes bancaires (Ficoba), détenu par le fisc. En cas de découverte d’un doublon, elle est bloquée, le temps pour le titulaire, ou sa nouvelle banque, de faire les démarches nécessaires à la fermeture du précédent Livret A. Résultat : le simple fait de vouloir transférer l'épargne détenue sur son Livret A allonge la démarche de changement de banque, le temps notamment de mettre à jour le Ficoba, et peut donc jouer un rôle de frein.

Le LDD plus simple à ouvrir et mieux adapté à l’épargne de précaution

Tout est plus simple avec le LDDS. Certes, comme pour le Livret A, sa détention est limitée à un compte par personne (1). Toutefois, en ouvrir un nouveau n’impose pas de vérification aux banques : une simple déclaration sur l’honneur de l’épargnant suffit pour valider l’ouverture. A charge pour ce dernier de clore, en amont, son ancien compte, ce qui pourra le plus souvent se faire par l’envoi d’un simple courrier, voire depuis son espace client en ligne.

Autre argument pro-LDDS : son plafond. Relevé à 12 000 euros fin 2012 - contre 22 950 euros pour le Livret A - il convient parfaitement pour une épargne de précaution. Les spécialistes conseillent en effet de mettre de côté l’équivalent de 6 mois de revenus, pour faire face aux coups durs. Soit 11 000 euros environ pour un salarié proche du salaire médian (1 800 euros environ). Au-delà, l’épargnant a tout intérêt à délaisser l’épargne réglementée pour s’intéresser à d’autres placements, potentiellement plus rémunérateurs, comme l’assurance vie ou les actions.

(1) Contrairement au Livret A, accessible à tous, y compris aux personnes morales, la détention d’un LDD est réservée aux particuliers soumis à l’impôt sur le revenu, et limitée à deux comptes par foyer fiscal.