3 000 buralistes pourront vendre à partir du 1er janvier prochain des bitcoins. Ce dispositif résulte d’un partenariat commercial entre la société Bimedia, qui fournit des solutions d’encaissement pour les commerçants, et Keplerk, une plateforme qui permet d’acheter du bitcoin et de l’ethereum.

Rappel des faits ! Hier matin, le chroniqueur Michaël Darmon sur Europe 1 expliquait que la Banque de France avait autorisé la Fédération des buralistes à commercialiser en bureaux de tabac du bitcoin, la plus célèbre des monnaies virtuelles. Si cette information a par la suite été démentie par l’institution - la Banque de France rappelant par communiqué « qu’elle a émis à plusieurs reprises des mises en garde sur l’usage des crypto-actifs » compte tenu de leur caractère « purement spéculatif » - des bitcoins pourront bel et bien être achetés chez les buralistes.

Des coupons de 50, 100 ou 250 euros

En réalité, c’est la société Bimedia, qui commercialise des solutions de caisse pour les bureaux de tabac, les marchands de presse, les boulangeries et autres petits commerces, qui a contractualisé avec Keplerk. Il s’agit d’une plateforme qui permet de se constituer un portefeuille en bitcoins et ethers. Sa particularité : plutôt que de miser uniquement sur le tout en ligne, la plateforme Keplerk, traduite dans une vingtaine de langues, noue des partenariats avec des points de vente. Keplerk en revendique 25 000 sur son site.

Concrètement, à partir du 1er janvier prochain, les buralistes équipés de la solution d’encaissement de Bimedia, soit environ 3 000, précise la Fédération des buralistes par tweet, pourront vendre des tickets de 50, 100 ou 250 euros convertibles en crypto-monnaies, détaille le site d'information Capital. Seuls les particuliers âgés d’au moins 18 ans pourront les acheter. Ensuite, ils devront se créer un compte sur Keplerk pour les créditer sur leur portefeuille électronique. La plateforme se charge par ailleurs de contrôler l’identité du client. Ce dernier doit renseigner entre autres son nom, sa date de naissance, son adresse mail et postale et fournir carte d’identité ou passeport.

Du bitcoin en magasin, pas une première

Si le contexte de ce partenariat interroge - après avoir connu des sommets il y a un an, 1 bitcoin s’échangeant 15 000 euros à la mi-décembre 2017, ce même bitcoin vaut moins de 4 000 euros aujourd’hui – ce n’est pas la première fois que le bitcoin fait une intrusion dans le monde réel. En effet, il est déjà possible d’acheter des crypto-monnaies dans ce qu’on appelle des « Coinhouses » (ou maisons de la monnaie). A Paris, la Maison du Bitcoin, rebaptisée Coinhouse store, a ouvert ses portes en 2014. On peut y acheter et vendre quelques 200 cryptoactifs dont des bitcoins et des ethers.

Ce n’est pas non plus la première fois que les buralistes s’ouvrent à de nouveaux produits. Pour rappel, depuis 2014, ils ont le monopole de la distribution du compte Nickel, l’ex compte sans banque, racheté l’année dernière par BNP Paribas, et qui vient de dépasser le million de comptes ouverts.

Le bitcoin : un investissement périlleux

Si la Banque de France se montre particulièrement réservée sur les crypto-monnaies, c'est que ces actifs sont des produits hautement spéculatifs. Dans une étude publiée en mars 2018, elle qualifiait d'ailleurs les crypto-monnaies de « bulle spéculative », rapprochant le cours du bitcoin avec celui du bulbe de tulipe entre 1634 et 1637. Pour les économistes, il s'agit de la première bulle spéculative de l'histoire. Juste avant d'exploser et d'ébranler l'économie néerlandaise, un bulbe de tulipe se monnayait « 15 fois le salaire annuel d'un artisan spécialisé », rappelle la Banque de France. De facto, placer ses économies en bitcoins et autres crypto-monnaies exposent l'épargnant au risque de perdre tout ou partie du capital investi.

Les personnes souhaitant néanmoins acquérir des bitcoins doivent également prêter une grande attention à l'intermédiaire qu'ils utilisent, cette activité n'étant pas régulée. S'agissant des investisseurs voulant se frotter à des placements dont le sous-jacent est une crypto-monnaie, là encore, ils doivent redoubler de vigilance. L'Autorité des marchés financiers épingle régulièrement des plateformes illégales. A ce jour, sa liste noire est composée d'une trentaine de sites non autorisés.

Le 26 novembre, la Banque de France, l'ACPR et l'AMF ont manifesté, dans un communiqué commun, leur hostilité concernant la vente de bitcoins en bureaux de tabac. Elles s’inquiètent que tout un chacun puisse acquérir ces actifs hautement spéculatifs, « peu adaptés aux profils d’investisseurs particuliers non avertis ».

Lire à de propos : Bitcoin en bureaux de tabac : les autorités de contrôle disent « non »