Un homme, ouvrier, âgé de plus de 40 ans : c’est le portrait type de l’utilisateur d’espèces en France, selon la Banque de France. Mais c’est surtout le lieu et le type d’achat qui déterminent le choix des espèces plutôt que la carte bancaire.

La façon d’utiliser les espèces pour ses achats du quotidien varie-t-elle selon le genre, l’âge ou le niveau de revenus ? C’est une des questions que se pose la Banque de France dans un récent article (1), où les chercheurs de l’institution croisent des études empiriques sur le sujet avec les résultats d’une étude publiée fin 2017 par la Banque centrale européenne. Objectif de l’exercice : « Anticiper ce qui deviendra la place des espèces à moyen terme ».

Bilan : oui, l’usage du cash semble varier en fonction de certains critères socio-démographiques. Le genre d’abord. Les hommes ont en effet tendance à payer plus souvent en liquide que les femmes : 72,2% des transactions dans un cas, 67,4% dans l’autre. L’âge ensuite : « les personnes âgées de moins de 40 ans utilisent les espèces à hauteur de 64% au plus de leurs transactions, tandis que celles âgées de 40 ans et plus 4 règlent au moins 71 % de leurs paniers en espèces », note l’étude. La catégorie socio-professionnelle enfin : les ouvriers (76,5%) et les retraités (71,7%) sortent plus souvent les pièces et les billets que les personnes en recherche d’emploi (64,9%) ou les étudiants (65,5%).

Le cash, oui, mais pour les petits achats

Les Français n’utilisent pas tout à fait le cash comme leurs voisins de la zone euro. Ils ont d’abord tendance à l’utiliser moins : 68% des achats en magasins sont réglés en espèces dans l’Hexagone. C’est certes plus qu’aux Pays-Bas (45%) ou en Estonie (48%), mais nettement moins que dans la zone euro en général (79% en moyenne).

Mais la véritable spécificité française est ailleurs : dans la concentration de l’usage du cash pour les petits montants. Le montant moyen de l’achat en espèces est ainsi de 7,50 euros, contre 12,40 euros dans la zone euro. Dans leur porte-monnaie, les Français disposent aussi de deux fois moins de cash que leurs voisins : 32 euros en moyenne, contre 65 euros. Et le montant du basculement vers la carte bancaire ou le chèque est un des plus faibles de la zone : 23 euros.

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Le lieu de l’achat, critère déterminant

Toutefois, plus que le profil socio-démographique, c’est le type de transactions qui est déterminant dans le choix d’opter pour le cash. Le montant en premier lieu, comme détaillé ci-dessus, mais aussi le lieu de l’achat. Les Français payent ainsi plus souvent par cash dans les commerces de proximité, du type boulangerie ou bureau de tabac (76% des cas) que dans les magasins de biens durables comme des vêtements ou de l’électronique (37% des cas). Il faut dire qu'ils n'ont souvent pas le choix : les achats « contraints », c'est-à-dire « réglés en espèces car d'autres moyens de paiement ne sont pas acceptés » ont en effet tendance à être plus fréquents dans les petits commerces.

(1) « L’usage des espèces en France : priorité aux transactions de faible valeur », bulletin de la Banque de France 220/2, novembre-décembre 2018.