Le spécialiste de la bourse en ligne Binck lance ce mardi une assurance-vie pour étoffer sa palette de produits. Un contrat qui permet tout de même d’investir en direct en actions. Interview de deux dirigeants de BinckBank France, Matthias Baccino et Mathieu Ramadier.

Matthias Baccino, BinckBank

Matthias Baccino, directeur général de BinckBank France

Mathieu Ramadier, BinckBank

Mathieu Ramadier, responsable du développement de BinckBank France

Quelles sont les principales caractéristiques de ce nouveau contrat d’assurance-vie ?

Mathieu Ramadier : « Binck Vie est assuré par Generali et il porte un objectif ambitieux : celui de rassembler deux mondes traditionnellement séparés, celui de la gestion libre et celui du robo-advisoring [conseil ou gestion automatique], à la sauce Binck ! Avec ce contrat, nous proposons donc d’une part une gestion libre avec des outils d’aide à la gestion, et d’autre part une gestion sous mandat. »

Pourquoi lancer un contrat d’assurance-vie, alors que votre notoriété est bâtie en France sur le courtage boursier ?

Matthias Baccino : « On oublie souvent que Binck.fr fait partie du groupe BinckBank, dont l’activité ne se résume pas à celle d’un simple broker [courtier]. C’est un groupe néerlandais qui gère plus de 632 000 comptes de particuliers, entreprises et conseillers en gestion de patrimoine, et qui fait partie du top 5 des traders européens en volume de transactions. En Belgique ou aux Pays-Bas, notre activité est bien plus diversifiée qu’en France. Par ailleurs, en 2015, une nouvelle stratégie a été établie au niveau du groupe, l’idée étant d’être moins dépendant de l’activité trading, et donc de dégager plus de revenus récurrents avec des offres comme l’assurance-vie. »

Historiquement, en France, les sites de trading vendent peu de produits patrimoniaux… Le marché paraît segmenté.

« Les détenteurs d’actions ont souvent un contrat d’assurance-vie en parallèle »

M.B. : « C’est vrai qu’en France il y a deux marchés qui se sont construits séparément. Pour des raisons qui m’échappent un peu, car les détenteurs d’actions ont souvent un contrat d’assurance-vie en parallèle. Binck conserve son ADN de brocker mais cela ne nous empêche pas de concevoir une assurance-vie qui puisse s’adapter à notre clientèle. Nous ne sommes pas un courtier low-cost : nous fournissons déjà un accompagnement fort à nos clients. Cette nouvelle offre vise donc à la fois nos clients existants, aux compétences financières avancées, mais aussi un plus large public grâce à la gestion sous mandat. »

Un objectif chiffré pour cette nouvelle offre ?

M.B. : « BinckBank étant cotée, nous ne communiquons pas d’objectif chiffré. Mais au regard de ce qu’il existe déjà comme offre Binck Bank aux Pays-Bas, avec plus de 100 millions d’euros en robo-advisoring, les objectifs sont forcément ambitieux. »

Faut-il s’attendre à d’autres lancements de produits par la suite ?

« La gratuité, sur les titres vifs et ETF, est pérenne »

M.B. : « Aux Pays-Bas, les services fournis par BinckBank aux conseillers en gestion de patrimoine (CGP) constituent une part importante du modèle de Binck Bank. La succursale française a donc vocation à développer ce type de services. »

Le contrat Binck Vie intègre des actions en direct (titres vifs). Ils font habituellement l’objet de frais supplémentaires…

Mathieu Ramadier : « Chez Binck, ce ne sera pas le cas ! Et cette gratuité, sur les titres vifs et ETF, est pérenne. C’est un point crucial de notre offre, sur lequel nous avons appuyé auprès de l’assureur Generali. En gestion libre, les frais seront de 0,75% quel que soit le support, fonds en euros ou n’importe quelle unité de compte ! »

Quelle sera la valeur ajoutée de votre contrat sur le marché déjà très concurrentiel de l’assurance-vie en ligne ?

« Au lancement une trentaine de titres vifs, essentiellement des actions du CAC40, l’objectif étant de porter ce panel à 60 ou 70 titres l’an prochain »

M.R. : « L’idée est de faire une synthèse de ce qui se fait de mieux sur le marché. En cela, nous nous sommes beaucoup inspirés de ce que proposent les fintechs, qui ont su renouveler l’offre en ligne. Mais ces fintechs ne bénéficient pas de la stabilité et de la force de frappe d’une banque. Nous avons la chance de pouvoir nous appuyer sur le groupe BinckBank, ce qui nous permet d’une part d’apporter de l’innovation sur la gestion sous mandat notamment, à l’image des fintechs, mais aussi d’aller très loin dans la qualité de service sur la gestion libre, bien plus loin que ce que proposent les banques en ligne. Notre référence sur la gestion libre et les UC, c’est le degré de détail et d’information qu’un investisseur peut connaître avec un compte-titres : fiches valeurs, plus-values latentes, etc. Nous allons lancer le contrat avec une trentaine de titres vifs, essentiellement des actions du CAC40, l’objectif étant de porter ce panel à 60 ou 70 titres l’an prochain. Nous proposons en parallèle des ETF, des OPCVM, etc. »

Au-delà des données statistiques, quel sera le conseil fourni aux clients en gestion libre ?

M.R. : « Nous allons offrir un véritable conseil individualisé. Toute souscription passera dans un premier temps par un questionnaire détaillé, à l’image de ce que proposent les fintechs. Sur cette base, nous proposerons une allocation détaillée en termes de classes d’actifs, mais sans qu’aucun investissement ne soit préconisé : il ne s’agit pas d’une gestion conseillée, uniquement d’outils d’analyse. Et nos recommandations n’ont aucun lien avec d’éventuels rétrocessions de frais ! En cours de vie du contrat, les clients pourront utiliser notre outil ‘‘vigie’’, pour réallouer leurs actifs. Là encore, ce sera uniquement une information sur des évolutions de cours, pas des préconisations d’arbitrage. »

Les épargnants moins avertis seront donc guidés vers la gestion sous mandat…

« 1,50% maximum de frais totaux en gestion sous mandat »

M.R. : « BinckBank a racheté le robo-advisor Pritle l’an passé, depuis renommé Binck Forward. C’est ce robo-advisor qui gère cette option, que nous appelons gestion sous mandat plutôt que gestion pilotée. La gestion pilotée proposée aujourd’hui par certaines fintechs est standardisée sur une dizaine de profils, sans prendre en compte l’historique de chaque investisseur. Là, nous déterminons un profil de risque, parmi sept degrés, mais deux épargnants dans un même profil de risque n’auront pas forcément le même portefeuille : tout dépend des valeurs au moment où vous investissez, de leur évolution, etc. En cela, nous sommes plutôt sur une véritable gestion sous mandat, réellement individualisée. Cette gestion sera basée sur des ETF [fonds basés sur des indices boursiers, NDLR]. Les frais additionnels sont de 0,75% sur la part en unités de compte, ce qui porte à 1,50% maximum les frais totaux en gestion sous mandat. »

Quel est le ticket d’entrée ?

M.R. : « Il est bas, à 300 euros, pour que l’offre soit accessible à tous. Par la nature de notre offre, basée sur l’investissement financier et à long terme, nous ciblons des épargnants ayant un horizon de 8 ans environ pour leur épargne. »

Des frais de gestion offerts pour le lancement

Pour son lancement, Binck propose une prime de bienvenue pouvant atteindre 150 euros, en fonction du versement initial (1 000 euros minimum) mais sans imposer une part minimale en unités de compte. Les frais de gestion sur les supports en UC sont offerts en 2018 et 2019 pour toute souscription en gestion libre.

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