Oubliées les informations trompeuses du passé. Les fonds à formule font aujourd’hui l’objet d’une présentation équilibrée selon l’AMF. Mais l’abondance d’informations rend ces produits difficilement intelligibles, même pour des épargnants expérimentés.

Ils s’appellent selon les cas « fonds à formule », « produits structurés », « placements structurés » ou encore « fonds à fenêtre », mais ils présentent globalement les mêmes caractéristiques : une garantie en capital – partielle, totale ou conditionnée – et une promesse de rendement selon l’évolution d’un indice boursier. Ces fonds ont aussi pour points communs d’afficher une durée d’investissement figée, et de prendre le plus souvent la forme d’un titre de créance, ou « EMTN ».

Lire aussi : La promesse des fonds à formule fait toujours vendre

Ces produits sont vendus aux particuliers en direct ou, plus souvent, dans le cadre d’une assurance-vie, grâce à une double promesse : sécurité et rendement. Les fonds à formule ayant fait l’objet de lourdes déceptions par le passé, leur présentation aux particuliers est aujourd’hui extrêmement réglementée. L’Autorité des marchés financiers (AMF) a donc cherché à savoir si les investisseurs comprenaient ou non les caractéristiques des produits structurés, à travers une étude qualitative menée auprès d’un panel de 16 épargnants possédant déjà des avoirs financiers (1), étude publiée vendredi dans la lettre de l’observatoire de l’épargne de l’AMF.

Un « sentiment d’anxiété » à la lecture des brochures

A la lecture des brochures commerciales et réglementaires de ces placements « à formule », les épargnants ont eu des réactions très contrastées selon leur degré de connaissance. Les épargnants avertis disposent du recul critique sur la finance et ont globalement bien compris ces produits, même s’ils ont souligné un « manque de clarté » dans la documentation et « de nombreux termes » jugés « abscons ».

Les non-experts en revanche « ont manifesté une intuition du niveau de risque des placements en percevant un vocabulaire alarmiste », un « sentiment d’anxiété » par ailleurs « renforcé par la complexité perçue des documents ». Résultat : ils ont vu ces placements à formule comme « complexes et inintelligibles », et plutôt destinés à des boursicoteurs qu’à des épargnants moyens. Le hic : malgré ce jugement sévère, certains de ces épargnants non-experts étaient pourtant détenteurs de fonds à formule ! Ce qui illustre la faible compréhension d’un produit sur lequel ils ont investi…mais aussi sans doute le manque d'explication des personnes qui leur ont vendu.

Des documents « longs, denses et redondants »

Ce n’est pas la qualité des informations qui est en cause : concernant les documents réglementaires (DIC), les épargnants interrogés « ont reconnu leur neutralité et leur objectivité ». Mais ils ont trouvé cette lecture « très rébarbative » : « La lecture conduit à une saturation, une désorientation, puis à un abandon ou un décrochage. »

Le constat est globalement le même pour la brochure commerciale, pourtant plus aérée, plus illustrée, utilisant différentes polices, des argumentations sous forme de questions-réponses, avec en outre un résumé des informations clés. Malgré ces efforts pédagogiques, ces documents sont jugés « longs, denses et redondants », avec un vocabulaire « trop technique », des « abréviations non explicitées », etc. « Si l’objectif d’une information exacte et non trompeuse est atteint, ce n’est pas le cas de l’objectif de clarté », commente l’AMF dans sa lettre. « Les épargnants ont rejeté la forme des documents, jugés rébarbatifs, dont la présentation ne facilite pas l’appropriation. »

Un besoin d'accompagnement

L’AMF se base donc sur cette étude, qui n’a pas été réalisée « en situation », en agence bancaire ou chez des conseillers financiers, pour insister sur l’importance de l’accompagnement d’un conseiller : « L’objectif est que l’information soit lue, comprise et alimente le dialogue entre le client et son conseiller. » Lors de ses dernières visites mystère, fin 2015, l’AMF avait pourtant pointé les manquements des banquiers dans l’adaptation du conseil au client…

Lire aussi : Assurance-vie et unités de compte : faut-il faire confiance à son banquier ?

(1) Pour cette « étude qualitative », l’AMF a demandé à 16 épargnants, dont 8 détenteurs de fonds à formule et 8 non détenteurs mais possédant 15 000 euros d’épargne financière, de « lire attentivement et dans leur intégralité, depuis leur domicile, via un forum en ligne d’une durée de 5 jours, deux brochures commerciales et trois documents d’informations clés (DIC) », en soulignant que l’effort « demandé aux participants ne reproduit pas la situation habituelle de l’épargnant ».