Le service études économiques du Crédit Agricole anticipe un rebond faible et sans à-coups des taux de crédit immobilier dans les prochains mois. Ainsi qu'un ralentissement du marché immobilier dans son ensemble, là encore sans « rupture brutale ».

Après une année 2017 « exceptionnelle », le marché immobilier poursuit son « atterrissage en douceur », sur la période 2018-2019, selon Olivier Eluère, économiste à Crédit Agricole SA, qui réalise l’étude trimestrielle de la banque verte sur l’immobilier résidentiel. Le volume de ventes s’effrite lentement, la construction connaît un « léger repli en 2018 », la hausse des prix se poursuit mais à un rythme moindre qu’en 2017… Bref, le service d’études économiques du Crédit Agricole constate surtout des « signes d’accalmie » au premier semestre 2018.

Cet atterrissage du marché s’explique selon l’économiste du Crédit Agricole par le « recentrage des mesures de soutien » (Pinel et PTZ), la remontée des prix et une « moindre capacité d’achat » de la part des particuliers, ainsi que par la « faiblesse de l’offre ».

Malgré ces vents contraires, le marché immobilier reste soutenu par un contexte de taux au plus bas. Des taux dont l’érosion, quoiqu’extrêmement lente, se poursuit ces derniers mois. Ils naviguent à nouveau proches des records de la fin 2016. La question est désormais de savoir quand ils vont entamer leur remontée.

Une remontée rapide jugée « peu probable »

Car plusieurs indicateurs poussent à anticiper un rebond des taux, même léger, toujours selon le service études économiques de la banque verte : les « anticipations de relèvement du taux de refinancement de la Banque centrale européenne (BCE), qui devrait s’amorcer fin 2019 », la réduction des achats de titres par la BCE, la « remontée des taux longs américains » et, par voie de conséquence, le fait que les « taux à long terme français [des emprunts d’Etat, les OAT 10 ans, NDLR] devraient remonter légèrement, vers 1% fin 2019 après 0,8% fin 2018 ». Ces indicateurs macro-économiques n’ont pas forcément un impact direct et immédiat sur les taux de crédit immobilier, mais ils constituent des indices de l’évolution des pratiques des banques concernant les taux proposés aux particuliers.

« Les taux de crédit [immobilier] devraient très légèrement remonter fin 2018 et [en] 2019 », juge ainsi Olivier Eluère, du Crédit Agricole, tout en évoquant un scénario alternatif, « peu probable » : un rebond bien plus rapide lié à des évolutions macro-économiques plus soutenues que prévu. La banque verte livre donc un pronostic similaire à l’observatoire Crédit Logement-CSA. Mi-octobre, ce dernier a anticipé un relèvement des grilles de taux « au maximum » à 1,90% en moyenne, contre 1,43% en octobre.

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