L'Assemblée nationale a voté jeudi la réduction d'un abattement fiscal général en Outre-mer datant de 1960, qui ne profite qu'aux contribuables « les plus aisés » selon le gouvernement, non sans provoquer des débats enflammés dans l'hémicycle.

Cette mesure du projet de budget pour 2019 « abaisse les plafonds de réduction d'impôt sur le revenu dont bénéficient les contribuables domiciliés dans les départements d'outre-mer de 5.100 à 2.450 euros en Guadeloupe, en Martinique et à la Réunion et de 6.700 à 4.050 euros en Guyane et à Mayotte ». La ministre des Outre-mer Annick Girardin a loué un dispositif « de justice fiscale » qui concernera uniquement « 50.000 foyers fiscaux, les plus aisés (...) soit 4,34% des foyers fiscaux » dans les collectivités concernées.

Les 70 millions d'euros d'économie générés en moyenne par an serviront à alimenter « un fonds d'investissement exceptionnel » utilisé pour la construction notamment « d'écoles et de crèches » sur place, a-t-elle expliqué. « C'est une petite aventure Robin des Bois puisque nous prenons aux moins modestes pour redistribuer aux plus modestes », a commenté le ministre des Comptes publics Gérald Darmanin, après avoir essuyé les critiques d'élus d'opposition de gauche comme de droite qui ont demandé en vain la suppression de cette mesure.

Des élus ultra-marins ont aussi pris successivement la parole pour dénoncer ce qu'ils ont vécu comme « une humiliation », dont les députés MoDem Justine Benin et Max Mathiasin ainsi que le président de la délégation aux Outre-mer à l'Assemblée Olivier Serva (LREM). « Ne jouez pas aux apprentis sorciers avec cette réforme », a lancé ce dernier. « Nous ne sommes nullement des enfants gâtés de la République », a renchéri Mme Benin, « choquée par la brutalité » de la réforme.

François Ruffin (LFI) a trouvé « choquant » que la mesure ne soit « applaudie que par des élus métropolitains » qui veulent « faire le bonheur des citoyens ultra-marins malgré eux. » « M. Ruffin, c'est votre anniversaire. Je vais vous faire un cadeau, une phrase d'un grand poète français (Charles Péguy): Le triomphe des démagogies est éphémère mais les ruines sont éternelles », a répliqué Gérald Darmanin.