Le ministre des Comptes publics Gérald Darmanin a défendu lundi le fait d'avoir rendu publique la liste des maires ayant augmenté le taux de leur taxe d'habitation, évoquant un devoir de « clarté » et d'« information » vis-à-vis des contribuables.

Interrogé sur les critiques formulées par l'Association des maires de France (AMF), qui a demandé vendredi des excuses à l'exécutif, le ministre a estimé lors d'un déplacement à Argenteuil (Val-d'Oise) qu'il n'y avait « aucune contestation » possible sur la démarche du gouvernement. « Les taux d'impôt qui sont votés lors des conseils municipaux sont des délibérations publiques, il n'y a aucun sujet sur ce point », a souligné Gérald Darmanin, aux côtés du secrétaire d'État chargé de la Fonction publique, Olivier Dussopt.

« Lorsqu'on est en responsabilité », on doit faire preuve « d'information vis-à-vis des contribuables », a développé le ministre, jugeant légitime que le gouvernement insiste sur la baisse de la taxe d'habitation, au vu « des efforts » budgétaires « très importants » consentis par l'État. « Cette année, c'est trois milliards d'euros », a martelé le ministre. « S'il y a des élus qui ont augmenté leur taux, c'est leur choix le plus strict » mais il est « normal » que le gouvernement le signale, a ajouté le locataire de Bercy.

Un mot-dièse #BalanceTonMaire

Le gouvernement, qui a fait de la suppression progressive de la taxe d'habitation pour 80% des Français l'une de ses mesures phares pour le pouvoir d'achat, a publié vendredi sur le site des impôts les taux votés par les communes, face aux polémiques sur la réalité de ce geste fiscal. Cette initiative a été relayée sur les réseaux sociaux par de nombreux contribuables, se réclamant pour certains de la majorité parlementaire, autour du mot-dièse #BalanceTonMaire, consistant à dénoncer les élus locaux qui ont choisi d'augmenter leur taux de taxe d'habitation.

Cette campagne a poussé l'AMF, par la voix de son président François Baroin (LR), à réclamer des « excuses » au gouvernement. C'est « une insulte personnelle pour les maires » et un « dénigrement irresponsable », a estimé François Baroin, appelant l'exécutif à « faire cesser ça tout de suite ».

Darmanin dit connaître « la difficulté d'être un élu local »

Interrogé en marge de son déplacement, Gérald Darmanin a dit lundi désapprouver le mouvement #BalanceTonMaire, assurant connaître, en raison de son statut d'ancien maire de Tourcoing (Nord), « la difficulté d'être un élu local ». Le mot-dièse « balance ton maire » était une « erreur », a souligné de son côté Gilles Le Gendre, président du groupe LREM à l'Assemblée nationale, sur BFM Business. « Ce n'est pas une initiative de députés, c'est une initiative de militants très marginaux », a-t-il assuré.

Selon Bercy, 6 200 villes et communes au total ont relevé le taux de leur taxe d'habitation cette année, sur un total de 35 400. Cette situation a suscité l'incompréhension de nombreux contribuables, surpris de ne pas bénéficier de la baisse de 30% promise par Bercy. Les maires concernés ont justifié leur choix en invoquant une baisse des dotations de l'État à leur commune. Un argument contesté par le gouvernement. « Nous avons compensé à l'euro près, et parfois même un peu plus, le montant de fiscalité qu'attendaient les élus », a insisté lundi Gérald Darmanin.