Dix-huit des vingt plus grandes banques européennes, parmi lesquelles les françaises BNP Paribas, Crédit Agricole, Société Générale et BPCE, ont déjà été condamnées pour des infractions en matière de lutte contre le blanchiment d'argent ces 10 dernières années, selon les conclusions d'une société de conseil britannique transmises à l'AFP.

« Le blanchiment d'argent est un problème pan-européen, avec 90% des plus grandes banques du continent qui ont été sanctionnées pour des infractions » aux dispositifs de lutte anti-blanchiment, explique le cabinet FortyTwo data, spécialisé dans les questions de conformité financière. Les 10 plus grandes banques européennes - les britanniques HSBC, Barclays, Lloyds, les françaises BNP Paribas, Crédit Agricole, Société Générale et BPCE, l'allemande Deutsche Bank, l'espagnole Santander et la néerlandaise ING - ont ainsi toutes été condamnées par des autorités de lutte contre le blanchiment d'argent, rappelle-t-il.

« Beaucoup de ces condamnations sont intervenues ces dernières années, indiquant que le blanchiment d'argent est devenu courant », affirme-t-il ajoutant que les récentes crises ayant affecté ING, la banque danoise Danske Bank et l'allemande Deutsche Bank « n'ont fait que renforcer cette impression, démontrant qu'aucune banque, quelle que soit sa dimension, n'est à l'abri de sanctions ». Au Royaume-Uni, où les cinq principales banques (HSBC, Barclays, Lloyds, RBS et Standard Chartered) ont dû payer des amendes, le blanchiment d'argent atteint désormais un montant 150 milliards de livres (171,6 milliards d'euros) par an, selon Donald Toon, un des cadres dirigeants de la National crime agency (NCA), l'agence britannique de lutte contre la criminalité, cité dans le communiqué.

Renforcer les pouvoirs du régulateur bancaire européen

Depuis le début de l'année, de nombreux scandales liés au blanchiment d'argent ont éclaboussé les banques européennes. Dernier en date, celui entachant depuis septembre la première banque danoise Danske Bank qui, au travers de sa filiale estonienne, aurait vu transiter jusqu'à plusieurs dizaines de milliards d'euros d'argent sale entre 2007 et 2015.

En réaction, les ministres des Finances de l'UE se sont engagés début octobre à améliorer les règles communautaires pour lutter contre le blanchiment, notamment en renforçant les pouvoirs du régulateur bancaire européen, l'Autorité bancaire européenne (ABE), fondée en 2010. L'entité, dont le siège va déménager l'an prochain de Londres à Paris, pourrait voir ses moyens augmenter pour assurer une surveillance unique plus efficace en matière de lutte contre le blanchiment.