Dans une interview donnée au Parisien, Claire Castanet, directrice des relations épargnants à l’Autorité des marchés financiers (AMF) pointe l’ampleur et le rapide essor des arnaques aux cryptomonnaies.

Les cryptomonnaies sont rapidement devenues une source d’inquiétude pour l’AMF. Le gendarme boursier épingle régulièrement des plateformes proposant des produits dérivés sur bitcoins qui ne respectent pas la réglementation. Corolaire de ce phénomène : le nombre d’épargnants s’estimant floués augmente rapidement. Chaque mois, le service téléphonique de l’AMF, Epargne info service, reçoit 300 appels de personnes se renseignant sur les crypto-actifs, ou souhaitant signaler un problème, explique au Parisien Claire Castanet, directrice des relations épargnants à l’AMF.

« Depuis le début de l’année, plus de 700 épargnants se sont déclarés victimes d’une arnaque » aux faux bitcoins, détaille la responsable de l’AMF, pour un montant total de 31 millions d’euros de perte. Cela représente 40% des appels de victimes d’escroqueries. « Par dossier, les montants en jeu ne cessent de progresser. Le préjudice médian est de 24 000 euros, contre 5 000 euros en janvier », alerte Claire Castanet.

En cause, l’envolée fin 2017 du cours du bitcoin, qui a éveillé l’intérêt des épargnants pour cette crypto-monnaie. Pour rappel, en l’espace de deux mois, entre mi-octobre et mi-décembre, le prix d’un bictoin a été multiplié par plus de 3, passant de 4 750 euros à près de 16 000 euros.

Des techniques de « manipulations mentales »

Pour attirer à eux des investisseurs voulant profiter de cette aubaine - sans connaître les plateformes fréquentées par les crypto-investisseurs – les escrocs ont utilisé des techniques semblables aux arnaques aux options binaires ou au Forex. « Les sites Internet proposant de faux bitcoins sont extrêmement bien faits. Les épargnants ont l’impression que les cours montent ou descendent, mais en réalité il n’y a rien du tout derrière, aucun investissement », explique la directrice des relations épargnants au sein de l’AMF.

« Lorsqu’ils donnent leur numéro de téléphone, les épargnants reçoivent ensuite jusqu’à 7 ou 8 appels par jour, parfois la nuit. L’objectif est de vous mettre en confiance pour vous amener à investir un peu. Et petit à petit on vous amène à des sommes importantes. Il s’agit de techniques de manipulations mentales », ajoute-t-elle.