Début octobre, les emprunteurs immobiliers bénéficient toujours de conditions historiquement favorables, selon les courtiers spécialisés. Certaines inflexions à la hausse laissent toutefois penser que les banques anticipent un changement de conjoncture.

En ce début de mois d’octobre, « (…) les banques maintiennent leur politique conquérante pour la fin d'année », constate Empruntis sur la foi des nouveaux barèmes reçus. Cela se concrétise sur le terrain par une grande stabilité des taux moyens appliqués. Egalement par des décotes « plus que jamais possibles », pour les « profils premium » - hauts revenus, forte capacité d’épargne - mais plus généralement pour tous les emprunteurs.

Le Partenaire note ainsi « une baisse des taux de 0,02 % sur 15 ans et 0,01 % sur 25 ans » pour les primo-accédants avec un profil moyen. « Les taux sont bas, les conditions d'octroi sont plus souples (…) » se félicite Fabienne Laborde, sa directrice commerciale, dans un communiqué.

Emprunt Direct a également reçu des barèmes à la baisse sur les durées d’emprunt les plus longues. « Profitant du retrait d’un acteur spécialisé sur ce type de prêt de longue durée [le Crédit Foncier, NDLR], un certain nombre de banques, notamment régionales, se repositionnent (…) et ajustent (…) leurs barèmes pour redevenir compétitives par rapport aux établissements les plus actifs sur ces durées », analyse son président fondateur, Alban Lacondemine.

Les taux de marché début octobre 2018 selon les courtiers spécialisés

Empruntis : 1,10% pour un prêt immobilier à taux fixe sur 10 ans, 1,35% sur 15 ans, 1,60% sur 20 ans, 1,85% sur 25 ans, 2,90% pour 30 ans.

Le Partenaire : 1,03% pour un prêt immobilier à taux fixe sur 10 ans, 1,28% sur 15 ans, 1,53% sur 20 ans, 1,70% sur 25 ans, 2,38% pour 30 ans.

Emprunt Direct : 1,15% pour un prêt immobilier à taux fixe sur 10 ans, 1,40% sur 15 ans, 1,55% sur 20 ans, 1,85% sur 25 ans, 2,40% pour 30 ans.

Une « autre histoire » en 2019 ?

A première vue, la période actuelle reste donc bénie pour les emprunteurs immobiliers, qui continuent de profiter de taux historiquement bas. Mais combien de temps cela va-t-il durer ? Emprunt Direct remarque quelques « légers mouvements » à la hausse, qui poussent le courtier à s’interroger. « Le changement de contexte observé sur les marchés de taux commence à produire ses effets sur le segment du crédit immobilier », commente Alban Lacondemine. « Certes, la Banque centrale européenne laissera ses taux directeurs inchangés jusqu’au deuxième semestre 2019, mais la fin graduelle de sa politique d’achats de dettes privées et publiques d’ici à la fin de l’année, ainsi que le retour du risque politique, pourraient se traduire par une hausse des taux sur les marchés obligataires. Ce qui aura nécessairement un impact, par ricochet, sur le marché du crédit. » 2019 pourrait être « une autre histoire », confirme Fabienne Laborde.

Cécile Roquelaure, directrice de la communication et des études d'Empruntis, ajoute une inconnue dans l’équation : l’inflation. « Pour que l’inflation soit un atout [pour les emprunteurs], il faut (…) que les revenus augmentent… », rappelle-t-elle. « Mais l'inflation peut aussi avoir un effet à rebours : si les revenus ne progressent pas suffisamment, les ménages vont être désolvabilisés par la hausse des taux. Nous aurons moins d'acheteurs ce qui contraindra les vendeurs à baisser leur prix. » Les perspectives immobilières s'avèrent très incertaines pour 2019.

Voir par ailleurs le baromètre des taux de crédit immobilier