Près de deux tiers des Français déclarent accorder une place importante aux répercussions sociales et environnementales de leur épargne. Toutefois cette volonté ne se reflète pas encore dans leur choix de placement.

Pour la 9ème année consécutive, à l’occasion de la semaine de la finance solidaire qui débute ce jeudi 27 septembre, le Forum pour l’investissement responsable (FIR) et le cabinet d’audit Vigeo Eiris - spécialisé dans l’évaluation de l’impact socio-environnemental des entreprises - ont commandé un sondage sur l’intérêt des Français pour la finance responsable (1). Premier constat : les épargnants accordent une place croissante à l’utilisation de leur argent.

En effet, les impacts environnementaux et sociaux des placements sont jugés importants par 63% des sondés détenant au moins un produit d’épargne, dont 16% les estiment même « très importants ». La sensibilisation des Français à cette problématique s’accroît rapidement. L’année dernière, moins d’un épargnant sur 2 avait déclaré prêter attention aux répercussions de leurs investissements.

Conscients que la destination de leur argent n’est pas sans conséquence sur l’environnement ou les conditions de travail, les Français ont toutefois une connaissance limitée des supports d’épargne tournés vers le développement durable. Ainsi, près de 7 sondés sur 10 n’ont jamais entendu parler d’investissement socialement responsable (ou ISR), quand seulement 2% répondent « très bien » connaître cette famille de produits financiers. L’ISR est défini, dans l’étude, par « un placement qui vise à concilier performance économique et impact social et environnemental en finançant les entreprises et les entités publiques qui contribuent au développement durable quel que soit leur secteur d'activité ».

Le paradoxe de l’investissement socialement responsable

Cette méconnaissance explique probablement que les investisseurs ne s’emparent pas davantage des produits socialement responsables. Seuls 5% des sondés détenant au moins un produit financier ont déjà investi dans des fonds ISR. Une faible proportion alors même que les particuliers détiennent la moitié des encours de ces fonds d’investissement, selon une récente étude de l’association française de la gestion financière (AFG).

Ces quelques données illustrent à elles seules le paradoxe de l’épargne solidaire et durable : les Français estiment qu’elle est importante, mais n’adaptent pas encore leurs placements. Gamme de produits peu développée, difficulté d’accès, moindre retour sur investissement : autant d’hypothèses qui peuvent être avancées pour expliquer ce faible engouement. Le sondage du FIR et de Vigeo Eiris en avancent une autre : le conseiller.

Le conseiller est pour les sondés l’interlocuteur privilégié quand il s’agit de découvrir un nouveau produit. 61% jugent en effet qu’il est le mieux placer pour les informer sur l’ISR, contre 10% pour les ONG et les associations de consommateurs, 9% pour les pouvoirs publics et la presse. Problème, les produits d’épargne soutenant le développement durable font rarement partie de sa palette de placements. Seuls 5% des sondés ont en effet déclaré s’être vu proposer de l’ISR par leur banque ou leur conseiller. Une proportion qui varie peu au fil des années : 3% en 2014, en 2015 et en 2017, 4% en 2016.

(1) Sondage pour le Forum pour l’investissement responsable et Vigeo Euris par l'Ifop. L’enquête nationale annuelle a été conduite en ligne du 24 au 28 août 2018 auprès de 1 002 Français. Après un premier filtre, les questions relatives à l’investissement socialement responsable (ISR) ont été posées uniquement aux personnes détenant au moins un produit financier, soit à 87% de l’échantillon initial.