L’éditeur de logiciels bancaires TagPay, qui compte comme actionnaire la Société Générale, ont annoncé ce 25 septembre son arrivée dans l’Hexagone. Il va proposer sa plateforme digitale aux acteurs traditionnels souhaitant lancer leur propre banque mobile.

Profitant du développement rapide de la banque sur smartphone en Europe, l'éditeur de logiciels bancaires ambitionne désormais d’apporter son expertise sur le vieux continent. Et sa première escale est la France.

Créé en 2005, TagPay était jusqu’à présent actif dans 18 pays émergents - essentiellement en Afrique, le territoire de prédilection de la banque mobile - où ses outils permettent de faire fonctionner quelque 30 plateformes financières. Tagpay est notamment derrière Yup, la néobanque africaine de la Société Générale, qui revendique près de 200 000 clients un an seulement après son lancement. La banque française est d’ailleurs plus qu’un partenaire commercial. Elle détient plus de 19% du capital de l’éditeur de logiciels.

Pour arriver dans l'Hexagone, la société a noué un partenariat avec le cabinet de conseil Onepoint spécialisé dans la transformation digitale des grands acteurs bancaires. Un cabinet qui partage avec Tagpay le même diagnostique : le système informatique des établissements traditionnels freine leur innovation technologique. « Au travers de notre activité de conseil, nous faisons le constat que, pour les banques, la transformation digitale est freinée par leurs vieux systèmes d’information, datant des années 70, et intégrant des surcouches de développement », nous a expliqué Pierre-Henry Druaut, associé de Onepoint.

Une néobanque « clés en main » pour les banques traditionnelles

« Les banques traditionnelles vont vouloir servir de nouveaux clients et être confrontées à de nouvelles attentes. Pour ce faire, elles vont créer de nouvelles entités, qui vont devoir être agiles, adaptables, ouvertes afin de pouvoir construire une offre adaptée à chaque sous-population. Et ce sont ces structures-là que notre partenariat cible », détaille à cBanque Yves Eonnet le CEO de Tagpay. Autrement dit, Tagpay ne proposera pas aux banques de remplacer leur système d’information mais de leur permettre de créer des offres affinitaires, type néobanques, à côté de leur formule de compte historique.

Concrètement, Tagpay va proposer aux banques ce que la société appelle son « digital banking system » (système bancaire numérique) qui permet de gérer des comptes bancaires : procéder à la vérification de l’identité des clients, opérer des transferts d’argent, initier des paiements… « Nous avons construit une solution clés en main qui permet d'installer un système bancaire dans un établissement financier très rapidement à des coûts très bas. Son implantation nécessite bien d'autres choses que seulement de la technologie. Elle nécessite d'accompagner les banques dans la gestion du changement », détaille Yves Eonnet. L’accompagnement stratégique et opérationnel des banques sera justement du ressort de Onepoint. Le cabinet de conseil les aidera notamment à définir la clientèle cible et formera les collaborateurs et les utilisateurs finaux à l’usage de la plateforme.

« Au-delà des enjeux technologiques la digitalisation des services bancaires nécessite un accompagnement de bout en bout : penser un nouvel modèle économique, innover en proposant des parcours clients personnalisés, conduire le changement auprès des utilisateurs…autant de services que nous sommes en mesure d’offrir pour accompagner l’implémentation de la plateforme digitale Tagpay », précise Pierre-Henri Druaut. Sans nous indiquer le nom de la banque en question, TagPay et Onepoint ont déjà vendu leur solution à « un acteur important » français.

Néobanque et acteur traditionnel : un problème d’acculturation

L’arrivée de l’éditeur de logiciels bancaires est concomitante à l’annonce du renoncement de BPCE à lancer sa néobanque dans l’Hexagone. Le groupe justifiant cette décision par les difficultés financières de Fidor et par un manque de débouchés. « La plupart des néobanques ont été lancées par des geeks qui sont devenus banquiers. Ils ont construit des solutions techniques et pertinentes mais difficilement industrialisables. Cela pose un problème lorsque les banques traditionnelles veulent les intégrer dans leur propre système. Les soucis sont dus aux difficultés pour les anciennes structures de digérer, de comprendre et de s'approprier ces nouveaux acteurs », estime Yves Eonnet.