Mieuxplacer veut démocratiser le conseil en gestion de patrimoine. Comment ? En remplaçant l’humain par des algorithmes censés déterminer le portefeuille financier idéal et personnalisé pour chaque investisseur. Deux ans après son lancement, la plateforme a attiré 1 000 utilisateurs actifs et 10 millions d’euros de dépôts. Rencontre avec Matthieu Sénéchal, co-fondateur et directeur recherche et développement.

En quelques mots, pouvez-vous présenter Mieuxplacer ?

Matthieu Sénéchal : "Mieuxplacer a été fondée il y a un peu plus de deux ans. La plateforme est une réponse à deux constats. Les épargnants ne disposant pas suffisamment de capital pour avoir accès à un conseiller en gestion de patrimoine sont souvent mal conseillés dans le choix de leurs supports d’investissement. Ensuite, les établissements financiers continuent à vendre leurs produits comme il y a 30 ans et à appliquer des frais très élevés, alors même que le développement du e-commerce et d’internet a bousculé les habitudes de consommation. C’est pourquoi Mieuxplacer donne accès simultanément à un large choix de supports d’épargne et à des conseils individualisés, tout en appliquant les tarifs les plus abordables possibles."

Quel est votre rôle au sein de l’entreprise ?

M.S. : "En dehors de mes fonctions de co-fondateur, je travaille sur le développement d’outils basés sur l’intelligence artificielle. L’objectif de la montée en gamme de nos algorithmes est de réaliser le meilleur appariement entre la centaine de produits d’épargne que nous référençons et nos clients."

Comment évaluez-vous les besoins de vos clients ?

M.S. : "Pour accéder à nos conseils personnalisés, l’internaute doit répondre à un formulaire composé d’une trentaine de questions qui se base sur le questionnaire réglementaire. Ce formulaire nous sert à comprendre les besoins de l’épargnant, sa situation financière et personnelle, ses projets. Il nous permet de connaître son profil de risque, son horizon de placement et ses contraintes : par exemple, s’il souhaite gérer lui-même son portefeuille ou s’il préfère une gestion pilotée."

Vous axez votre discours sur la personnalisation des portefeuilles. Est-ce que cela signifie que vous ne vous appuyez pas sur des profils de risque et des allocations prédéfinis ?

"Avant de proposer une allocation, nous étudions en moyenne 500 000 répartitions."

M.S. : "Oui. Nous construisons pour chaque client une recommandation qui lui est spécifique. Avant de proposer une allocation, nous étudions en moyenne 500 000 répartitions. Dans le détail, notre système de recommandation fonctionne à trois niveaux. Premièrement, nous déterminons quelles sont les typologies de supports qui répondent aux besoins de l’épargnant (assurance-vie, PEA, produits de défiscalisation, fonds immobiliers…). Ensuite, nous choisissons le ou les produits qui correspondent. Et, dans un troisième temps, nous déterminons les allocations en tant que telles."

Votre sélection se limite néanmoins aux partenariats noués avec des assureurs, des sociétés de gestion…

M.S. : "C’est vrai, mais nous travaillons tout de même dans un environnement de produits très large. Nous avons intégré à la plateforme une centaine de produits. Un tel vivier est inédit ! Nos concurrents s’arrêtent souvent à 5 ou 6 produits. »

Sur quels critères vous appuyez-vous pour déterminer le risque et le potentiel de rendement des fonds proposés ?

M.S. : "Nous travaillons à plusieurs niveaux. Nous nous basons sur des modèles financiers qui tiennent compte, entre autres, des performances passées. Mais nous regardons également l’environnement financier des produits et les évolutions des marchés. Enfin, nous évaluons les sociétés qui les gèrent : sont-elles bien structurées ? Quels ont été leurs résultats les années précédentes ?"

Suivez-vous activement le portefeuille de l’ensemble de vos clients ?

"Le conseil financier habituel, c’est une photo, nous proposons un film !"

M.S. : "De façon imagée, le conseil financier habituel, c’est une photo, nous proposons un film ! Un épargnant traditionnel ne va voir son banquier que rarement et réalise un investissement qui restera inchangé jusqu’à son prochain rendez-vous. A l’inverse, nous sommes capables de dire à nos clients que leur allocation actuelle n’est plus adaptée au cycle économique ou à leur situation personnelle. Et nous leur proposons une nouvelle répartition, qu’ils peuvent ou non accepter."

Pour que cela fonctionne, cela nécessite que vos clients mettent régulièrement à jour leur profil utilisateur, voire que vous ayez un accès direct à leurs données personnelles…

M.S. : "Effectivement, nous travaillons d’ailleurs sur un outil d’agrégation de données bancaires qui nous permettra d’avoir une évaluation en temps réel de la situation financière de nos clients. Nous allons le sortir début 2019. Pour l’heure, nous sommes en discussion avec deux partenaires ayant obtenu les nouveaux agréments européens issus de la deuxième directive sur les services de paiements [agréments obtenus en France par Bankin, Linxo et Budget Insight, ndlr]. »

Comment, en tant qu’investisseur, je peux m’assurer que l’allocation correspond bien à mon profil et n’est pas influencée par les commissions que vous percevez ?

M.S. : "Nous souhaitons être transparents sur les commissions perçues. C’est pourquoi à chaque fois que l’épargnant souscrit un produit, nous lui affichons les frais de gestion qui vont lui être facturés – cela représente quelques points de pourcentage du montant confié – ainsi que la part qui nous revient. C’est-à-dire en fait comment les frais se répartissent entre la société productrice du produit et nous. Par ailleurs, suite au questionnaire, si nous jugeons que nos produits ne sont pas adaptés, nous nous abstenons de proposer un investissement."

Fiche d'identité : Mieuxplacer
ActivitéPlateforme d'épargne
Site webmieuxplacer.com
Date de création2016
Date de lancement2016
Clientèle viséeParticuliers
Marché viséFrance
Capital70% Guillaume-Olivier Doré et co-fondateurs, 5% salariés, 25% super angels
Chiffre d'affairesNC
Nombre de clients1 000 utilisateurs actifs
Effectif actuel20 collaborateurs et 25 visés pour 2019
Encours sous gestion10 millions d'euros
Ticket d'entréede 20 euros à 250 000 euros
Rendement annuel moyenNon applicable (différents produits : défiscalisation, assurance-vie, retraite, etc...)